L'Eurobaromètre du printemps 2025 révèle un niveau de confiance sans précédent dans l'Union européenne (UE).  Ainsi, l'enquête menée entre le 26 mars et le 22 avril 2025 auprès de 26 368 citoyens européens,  indique que 75% des répondants se sentent citoyens de l'UE, un chiffre jamais vu depuis plus de 20 ans, et 62% sont optimistes quant à l'avenir de l'Union.  Les jeunes âgés de 15 à 24 ans, restent  particulièrement favorables à l’UE avec un taux de confiance de 59 %.

La confiance en la Commission européenne,  organe exécutif de l’UE, bénéficie également d’un résultat historique  depuis 18 ans, avec 52% d'opinions positives et là encore, avec une forte adhésion des jeunes (57 %).

Une tendance positive en contraste avec la progression des partis eurosceptiques lors des récentes élections dans plusieurs États membres, où ces mouvements ont gagné en influence en critiquant les politiques européennes. En effet, la confiance dans les gouvernements nationaux et les parlements reste plus faible, avec respectivement 36 % et 37 % de confiance.

Un soutien sans précédent à l'euro

Le soutien à l’euro atteint des sommets : 74 % des citoyens de l’UE, et 83 % dans la zone euro, se disent favorables à la monnaie unique, soit le niveau le plus élevé jamais mesuré. Ce soutien massif survient alors que l’économie européenne reste jugée fragile : 44 % des Européens estiment que la situation économique de l’UE est bonne, contre 48 % qui la jugent mauvaise. Malgré tout, 43 % pensent que la situation restera stable dans l’année à venir.

Ce paradoxe interroge : l’euro, perçu comme un rempart contre les incertitudes extérieures, bénéficie-t-il d’un soutien rationnel ou d’un réflexe de protection face à la montée des risques géopolitiques ? La monnaie unique apparaît plus que jamais comme un symbole d’appartenance et de sécurité, alors même que la confiance dans les économies nationales s’effrite.

Une quête de stabilité dans un monde en crise

Face à la guerre en Ukraine et à l’instabilité mondiale, 69 % des Européens considèrent l’UE comme un havre de stabilité. Le soutien à une politique de défense et de sécurité commune atteint 81 %, du jamais-vu depuis 2004. Pourtant, 78 % des sondés se disent préoccupés par la défense de l’Europe dans les cinq prochaines années.

L’invasion russe de l’Ukraine reste la principale préoccupation à l’échelle européenne (27 %), devant la situation internationale (24 %) et la sécurité/défense (20 %). L’opinion publique soutient massivement l’accueil des réfugiés (80 %), l’aide humanitaire (76 %) et les sanctions contre la Russie (72 %). Mais seuls 59 % approuvent le financement européen de l’achat d’armes pour l’Ukraine.

Les priorités budgétaires reflètent les inquiétudes : 43 % des citoyens souhaitent que l’UE consacre davantage de moyens à la défense et à la sécurité, devant l’emploi (42 %) et loin devant la transition énergétique (32 %).

La paix reste au cœur des attentes

Malgré les défis posés par la montée des eurosceptiques et les tensions géopolitiques, les résultats de l'Eurobaromètre montrent une UE plus unie et déterminée. La paix reste la valeur la plus associée à l'UE, avec 41 % (+2 points) des répondants la citant comme la valeur principale, suivie par la démocratie (33%, -2 points) et le respect de l'état de droit (28 %).

Ces résultats soulignent la résilience des institutions européennes et la volonté des citoyens de voir l'UE jouer un rôle plus fort sur la scène internationale. Alors que les élections approchent dans plusieurs États membres, ces chiffres pourraient influencer les débats politiques et renforcer la légitimité des institutions européennes face aux critiques des partis eurosceptiques.

En définitive, l’UE bénéficie d’un effet refuge dans un monde incertain, mais la solidité de cette confiance dépendra de sa capacité à répondre aux défis sécuritaires et économiques qui s’annoncent. Derrière l’euphorie des chiffres, l’Union reste à l’épreuve du feu géopolitique.

Samorya Wilson