L’année 2020 laisse entrevoir certains déséquilibres économiques et politiques, avec en toile de fond des changements technologiques et sociétaux. Comment réagissent les entreprises et plus particulièrement les fonctions finance ? Quels sont les enjeux prioritaires ? Une étude PwC s’est penchée sur la question, dévoilée et commentée le 11 décembre 2019 lors du salon Financium organisé par la DFCG.
Le cabinet de conseil et d’audit PwC a réalisé une enquête sur les priorités 2020 des directeurs financiers. Les résultats, présentés lors du salon Financium de la DFCG le 11 décembre 2019, exposent les principaux enjeux auxquels les entreprises doivent faire face. L’instabilité géopolitique, la transition digitale et la gestion des compétences apparaissent comment autant de défis pour les organisations. 2020 sera-t-elle l’année de la rupture et de la fragilité ?
Entre Brexit et guerres commerciales : le DAF concerné par les enjeux mondiaux
Les entreprises, et notamment les plus grandes (73 %), se considèrent comme exposées concernant le Brexit. C’est une vraie question selon le Président de la DFCG Bruno de Laigue : « Comment allons-nous réagir par rapport au fait que le Royaume-Uni quitte ou non l’Europe ? »
Néanmoins, les directeurs financiers, d’après l’étude PwC, ont pris soin de protéger leurs organisations face aux risques et incertitudes liés à cette perspective. Plus de 60 % des entreprises estiment ainsi qu’elles ne seront pas impactées malgré tout par le Brexit, ayant mis en place des plans d’actions depuis trois ans environ pour anticiper les éventuels bouleversements de marché.
Outre le Brexit, les fonctions finance sont confrontées aux tensions géopolitiques et à l’intensification des guerres commerciales. Les DAF anticipent des pertes. « Ils attachent de l’importance à ce qui se passe au niveau mondial, car lorsqu’un pays comme les États-Unis prend une décision par exemple vis-à-vis de l’Iran, cela peut avoir des répercussions sur nos entreprises » commente Bruno de Laigue.
« Un certain nombre d’équilibres économiques, financiers, monétaires vont certainement être bouleversés cette année. Le virage protectionniste engagé par les États-Unis, la baisse du taux de croissance de l’économie chinoise, le dénouement du Brexit… Bref, une année 2020 plus fragile. Les directions financières l’ont bien compris et vont devoir gérer plus finement le cash » analyse Maryse Lecutier, Associée PwC responsable des activités de conseil pour les directions financières.
Les nouvelles technologies et les ressources humaines au cœur de la fonction finance en 2020
Selon l’enquête PwC, les deux principaux enjeux des entreprises pour les prochaines années sont la digitalisation et l’adaptation des compétences.
Et c’est bien là un fait nouveau : s’il est vrai que la dimension technologique taraude les directions financières depuis un certain temps maintenant, « la gestion des talents fait son apparition dans le Top 3 des priorités cette année » observe Maryse Lecutier. « C’est le défi de 2020 » qui apparaît comme un « facteur clé de compétitivité ». En effet, 68 % des directeurs financiers (contre 23 % l’année précédente) estiment rencontrer des difficultés pour se doter de compétences en adéquation avec leurs besoins. Des résultats bien entendu en lien avec la montée en puissance des nouvelles technologies.
Les fameuses soft skills sont particulièrement sollicitées par les DAF (64 %), mais également les aptitudes techniques, dans une moindre mesure (54 %). Le recrutement et la rétention des talents en pénurie constituent de même un enjeu majeur. « Il est vital d’avoir des bons et de les garder ! » témoigne ainsi Louis Guyot, Directeur financier d’Elis. « Il faut être capable de bâtir des carrières en interne. (…) Les jeunes ont aussi besoin de challenges intellectuels et d’un environnement de travail bienveillant. (…) Enfin, dernier élément très important pour eux : évoluer dans une entreprise qui fait du sens. »
La rémunération ne suffit plus, les valeurs que propose l’organisation sont maintenant déterminantes. « Le dirigeant financier doit donner du sens aux chiffres mais également à son action, ce qui fidélisera ses équipes. Celles-ci doivent s’adapter aux évolutions liées aux nouvelles technologies – gestion de la donnée, risque cyber, digitalisation de l’entreprise – et à l'émergence de nouveaux métiers » conclut Bruno de Laigue.
Hugues Robert (@HuguesRob)