Face au vieillissement des dirigeants et aux enjeux de transmission d'entreprises, Véronique Louwagie, ministre déléguée chargée du Commerce et des PME a annoncé la création d'un baromètre annuel pour mieux accompagner les cessions, le 4 juin dernier. Un outil destiné à anticiper la transmission potentielle de 400.000 entreprises dans la décennie.
Avec 500 000 dirigeants qui pourraient partir à la retraite dans la décennie, la transmission d'entreprise devient un enjeu majeur pour l'économie française. Le gouvernement a alors décidé de mettre en place de nouveaux outils de suivi. Le 4 juin dernier, devant le MEDEF, Véronique Louwagie a annoncé la publication annuelle d'un baromètre de la transmission-reprise, réalisé par la Direction Générale des Entreprises (DGE), dans ses « Théma », qui fera le bilan des cessions et des transmissions en France.
« La publication de ce baromètre est une première marche essentielle : des solutions constructives partent nécessairement de constats partagés » a indiqué la ministre. Selon elle, l'objectif affiché est clair : « garantir les conditions les plus favorables à la reprise de ces structures de manière à ce qu'aucune ne disparaisse faute de repreneur ».
Des entreprises transmises plus performantes que les créations
Selon le baromètre publié par la DGE en ce début juin 2025, après la chute observée pendant la crise sanitaire, le nombre de cessions-transmissions se redresse depuis 2022. En 2024, 37 200 opérations ont été enregistrées, un niveau comparable à celui de 2016-2019. Cette stabilisation masque cependant des défis considérables à venir.
L’étude révèle que contrairement aux idées reçues, les entreprises transmises présentent de meilleures perspectives que les créations ex nihilo. Leur taux de pérennité à trois ans atteint 85,5% contre 81,4% pour les entreprises nouvellement créées. Elles génèrent également un chiffre d'affaires supérieur et affichent une meilleure productivité.
Le prix moyen des cessions a progressé de 19% entre 2012 et 2024, passant de 255 000 à 303 000 euros. Les pharmacies caracolent en tête avec un prix médian dépassant le million d'euros, tandis que les services aux particuliers se négocient autour de 42 000 euros.
Les services de proximité en première ligne
L'analyse note que les secteurs les plus concernés par les transmissions sont ceux de proximité. L'hôtellerie-café-restauration domine avec 29% des opérations, suivie du commerce (28%). Ces secteurs, caractérisés par un fort renouvellement, emploient près de 3 millions de salariés directement concernés par ces futurs départs.
Géographiquement, l'Ouest de la France concentre le plus grand nombre de cessions, notamment la Bretagne, la Normandie et le sud du Massif central. À l'inverse, les métropoles comme Paris, Bordeaux ou Toulouse affichent des taux de cession plus faibles.
Le défi du vieillissement des dirigeants
L'urgence se cristallise autour de l'âge des dirigeants. En 2022, environ 500 000 dirigeants avaient au moins 60 ans et emploient 3 millions de salariés. Un tiers des transmissions sont déjà initiées par des dirigeants de cette tranche d'âge, avec un pic à 61 ans.
Les secteurs les plus exposés sont l'enseignement, la santé et l'action sociale (24% des dirigeants âgés), le commerce (22%) et les services aux entreprises (18%). Cette concentration sectorielle nécessite une approche ciblée pour éviter la disparition d'entreprises stratégiques.
Des facteurs de réussite identifiés
L'étude met en évidence plusieurs leviers pour réussir une transmission. La disponibilité de liquidités financières au démarrage ressort comme le facteur le plus déterminant : 88% des entreprises disposant de plus de 80 000 euros survivent à trois ans, contre 81% pour celles ayant entre 1 000 et 16 000 euros.
L'âge du repreneur joue également : les dirigeants entre 30 et 50 ans et ceux ayant plus de 10 ans d'expérience professionnelle maximisent leurs chances de succès. Fait notable, les entreprises reprises par des femmes affichent de meilleurs taux de survie que celles reprises par des hommes.
Un enjeu de souveraineté économique
Seules 7% des transmissions s'effectuent dans le cadre de procédures collectives, une proportion en baisse continue depuis 2014. Cette statistique rassurante ne doit pas masquer l'enjeu stratégique : préserver le tissu entrepreneurial français et ses savoir-faire face aux défis à venir.
Ce baromètre marque le début d'une « mobilisation renforcée de l'ensemble des acteurs économiques pour faire de chaque transmission et de chaque reprise une opportunité de développement économique, au service de nos territoires et de notre souveraineté », estime le ministère.
La réussite de cette mission conditionnera la préservation de milliers d'emplois et de compétences essentielles à l'économie française.
Retrouver l’étude complète ici :
Samorya Wilson