Rencontre avec Margaux Dehry, fondatrice de La Petite Etoile.
Pour commencer, pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre entreprise ?
Depuis 2011, La Petite Etoile accompagne les entrepreneurs dans la présentation de leur business plan. Nous proposons un accompagnement personnalisé à l’heure, pour aider les entrepreneurs en phase de levée de fonds à préparer au mieux leurs dossiers, avant d’aller voir des investisseurs.
Nous avons aussi créé un ensemble d’outils gratuits ou payants, disponibles sur Internet : des modèles de business plan (lebusinessplan.fr), un livre, Backpack, véritable guide pratique de l’entrepreneur, un site dédié pour créer en quelques clics un teaser présentant son projet (leteaser.fr), mais aussi un programme de formation en six vidéos (lapetiteetoile.leholdup.fr).
Comment intervenez-vous par rapport aux experts-comptables, qui accompagnent eux-aussi les entrepreneurs dans le montage de leur business plan et la recherche de financement ?
Notre approche est tout à fait complémentaire : alors que les experts-comptables accompagnent plutôt les entrepreneurs sur les aspects financiers et structurels de leur entreprise, nous travaillons quant à nous sur la présentation du business plan, sur la meilleure façon de vendre le projet, avec des slides attractives, des visuels et des mots soigneusement choisis, pour en faire un véritable outil de séduction pour les investisseurs.
Que pensez-vous du lean start-up ? Est-ce le « nouveau business plan » ?
Personnellement, je suis très adepte de cette méthode, qui correspond bien à mon état d’esprit et ma façon de fonctionner. Par exemple, on vient de lancer une grande opération de communicaion pour lancer notre livre Backpack aux États-Unis, alors que nous n’en avons pas écrit une seule ligne en anglais ! En fait, pour moi, c’est plus une manière de travailler, qu’un business plan en tant que tel : l’un ne remplace pas l’autre. Le vrai business plan reste indispensable pour séduire des investisseurs. Et c’est un excellent exercice, qui permet de se poser les bonnes questions sur son projet.
L’approche lean start up est intéressante pour tester son idée auprès de sa communauté. Mais c’est une approche qui se prête mieux à certains secteurs qu’à d’autres… Dans le milieu artistique par exemple, où les regards sont parfois un peu trop critiques, il vaut parfois mieux attendre d’avoir un produit fini, très léché, plutôt que de montrer un produit encore en cours de conception. Au contraire, dans les univers plus techno comme le développement de programmes ou d’applis par exemple, il faut se méfier du lean start-up : à force d’écouter les feedbacks de tous les utilisateurs, on aboutit parfois à des produits avec des fonctionnalités qui n’intéressent que deux ou trois personnes. Il ne faut donc pas hésiter à faire le tri !
Quels sont les éléments indispensables d’un bon business plan selon vous ?
Selon moi, le business plan 2.0, c’est le pitch. Les investisseurs ne veulent plus voir des dossiers de 100 pages, avec des grandes phrases et des tableaux compliqués : ils n’ont pas le temps de se plonger dans les détails, surtout dans une phase de pré-sélection. Au contraire, il faut penser son business plan comme un outil de séduction et passer autant de temps sur la forme que sur le fond. Vingt slides suffisent, si elles sont bien pensées. L’objectif est avant tout de donner envie aux financeurs, aux partenaires potentiels de vous faire confiance. Pour cela, il est essentiel de prévoir une présentation de l’équipe porteuse du projet. Les investisseurs misent sur une personnalité, une équipe, beaucoup plus que sur des tableaux de prévision à quinze ans, auxquels personne ne croit. Il faut bien sûr prévoir un compte de résultats et ses besoins de financement, mais ces grilles Excel sont surtout là pour prouver les qualités analytiques du porteur de projet, sa capacité à réfléchir et à anticiper.
A propos
Cet article provient du numéro 89 du Francilien, la revue des experts-comptables région Paris Ile-de-France.