Une étude commandée par Dext et réalisée par Censuswide, publiée le 15 octobre dernier, met en lumière l'impact démotivant des obligations administratives et financières qui pèsent sur les dirigeants de PME en France, tout en soulignant le retard pris dans l'adoption de l'automatisation.
Selon l’enquête de l’éditeur de logiciels Dext intitulée « Réduire le coût de la taxe administrative : un potentiel ignoré par les entreprises », la majorité des dirigeants de petites et moyennes entreprises françaises (62%) jugent la situation économique plus incertaine qu’au plus fort de la pandémie et dénoncent le poids de l’administration financière dans leur quotidien. L’étude commandée par Dext et réalisée par Censuswide auprès de 500 décideurs et cadres exécutifs de PME françaises (1 à 249 salariés), sur deux semaines en mai 2025, l’automatisation apparaît comme un levier sous-exploité, notamment à l'approche de la généralisation de la facturation électronique en 2026. Les auteurs soulignent que les experts-comptables ont un rôle crucial à jouer pour transformer ces contraintes en levier stratégique.
Un contexte économique inquiétant et des dirigeants Épuisés
Face aux incertitudes et aux nombreux changements affectant la comptabilité, l'impact émotionnel climat économique actuel est lourd, au point que 60% des dirigeants se demandent si tout le travail qu'ils mettent en œuvre en vaut la peine. 44% avouent même se demander pourquoi ils ont créé leur entreprise.
Près de la moitié des dirigeants (49%) déclarent dans l’enquête que la gestion administrative freine la croissance de leur entreprise, et 44% se disent épuisés par ces tâches, ce qui les empêche de se concentrer sur la stratégie ou les clients. Ces tâches sont même considérées comme terrifiantes et redoutées par 43% d'entre eux. Le sentiment d'épuisement est tel que, Florent Dujardin, Présdient Dext France, estime que les entreprises sont passées en mode « survie », menaçant de perdre « une génération entière d'entrepreneurs ».
L’automatisation accuse un retard conséquent
L’étude met en évidence un paradoxe frappant : si 66 % des PME se disent prêtes à automatiser leurs tâches administratives, seules 1 % ont réellement franchi le pas. Ainsi, une écrasante majorité des PME (82%) continue de gérer la plupart de leurs tâches administratives et financières manuellement et à peine 23% d’entre elles utilisent un logiciel de comptabilité automatisé. Néanmoins, 66% des entreprises interrogées se disent ouvertes ou très ouvertes à l’automatisation. Ce paradoxe s'explique notamment par le manque de temps et une offre logicielle perçue comme trop vaste et complexe.
La réforme de la facturation électronique reste sous-anticipée
À l’approche de l’obligation de facturation électronique qui sera en vigueur au 1ᵉʳ septembre 2026, seuls 26 % des dirigeants se disent prêts à respecter les échéances et 18 % savent clairement vers quelle plateforme agréée se tourner. Selon le sondage, l’adaptation des systèmes informatiques (27 %), le coût des solutions (26 %), la complexité réglementaire (22 %), la difficulté à choisir un partenaire (22 %) et le manque d’accompagnement (16 %), sont autant de freins évoqués pour expliquer le retard des PME à s’approprier la réforme.
Les experts-comptables en première ligne
Dans ce contexte de profonde transformation, le rôle de l'expert-comptable est jugé essentiel pour accompagner les PME. Cependant, seulement 53% des dirigeants font confiance à leur cabinet pour valoriser les données financières et en tirer des recommandations concrètes.
L’étude insiste donc sur la nécessité d’un accompagnement immédiat des entreprises. Pour les auteurs, l’automatisation représente une issue stratégique permettant de réduire un coût administratif devenu insoutenable ainsi que de préserver l’énergie entrepreneuriale.
S.W.
