Les grandes entreprises renforcent la certification de leurs rapports de durabilité

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Le rapport « The State of Play : Sustainability Disclosure and Assurance (Five-Year Trends and Analysis, 2019-2023) » élaboré par l’International Federation of Accountants (IFAC) et l’AICPA & CIMA révèle que 98 % des grandes entreprises mondiales publient des informations relatives à la durabilité. L’étude, publiée le 12 mai dernier, montre aussi que près de 75 % des entreprises font vérifier leurs données ESG par un auditeur.

Selon la nouvelle étude menée par la Fédération internationale des comptables (IFAC) et l'AICPA & CIMA (American Institute of Certified Public Accountants), la quasi-totalité des grandes entreprises mondiales publient dorénavant des informations sur la durabilité, et une majorité croissante fait vérifier ces données par des professionnels indépendants. Cette tendance, portée par la demande des investisseurs et l’évolution des réglementations, marque une étape clé vers une transparence accrue et une confiance renforcée dans les pratiques de développement durable des multinationales.

Un engagement massif, mais stable dans le reporting de durabilité

Le rapport intitulé « The State of Play : Sustainability Disclosure and Assurance (Five-Year Trends and Analysis, 2019-2023) » dévoile une tendance forte : en 2023, 73 % des grandes entreprises des pays du G20 ont fait vérifier au moins une partie de leurs informations de durabilité, contre 69 % en 2022 et 51 % il y a cinq ans.

Avec 98 % des entreprises analysées qui publient des informations sur la durabilité, soit une quasi-universalité du reporting ES, les résultats de l’étude témoignent de la maturité atteinte par les grandes entreprises sur ces questions.

Plus significatif encore, l'intégration de ces informations dans les rapports annuels progresse rapidement : 44 % des entreprises incluent désormais des données de durabilité dans leur rapport annuel, contre seulement 18 % il y a cinq ans. Cette évolution reflète une approche de plus en plus intégrée de la communication corporate.

Les cabinets d’audit en première ligne, malgré une concurrence accrue

Les cabinets d'audit continuent de dominer le marché de la certification de la durabilité avec 55 % de parts de marché, même si cette proportion a légèrement diminué par rapport aux 58 % de 2022. Cette évolution s’explique en partie par une consolidation des rapports, notamment dans l’Union européenne, où les cabinets privilégient désormais des rapports uniques couvrant plusieurs aspects, plutôt qu’une série de rapports distincts.

« Les auditeurs possèdent des exigences de formation étendues, respectent des règles d'indépendance strictes et ont une vision approfondie et holistique des activités, processus et profil de risque d'une organisation », commente Susan Coffey, PDG de la comptabilité publique à l’AICPA & CIMA.

Plusieurs marchés majeurs ont d'ailleurs renforcé le recours aux cabinets d'audit en 2023 : Singapour (+6 points), Afrique du Sud (+4), Royaume-Uni (+5) et États-Unis (+5). Dans ce dernier pays, la part des cabinets d'audit est passée de 23 % à 28 %.

Les émissions de gaz à effet de serre, priorité absolue de l'assurance

Sans surprise, les émissions de gaz à effet de serre demeurent la catégorie d'informations de durabilité la plus largement auditée. Cette focalisation s'explique par la demande croissante des investisseurs pour des données climatiques fiables et par l'expertise technique requise pour valider ces informations complexes.

Les consultants et autres prestataires non-auditeurs sont d'ailleurs plus susceptibles d'émettre plusieurs rapports d'assurance liés aux gaz à effet de serre. En Corée du Sud, par exemple, une moyenne de 2,5 rapports d'assurance a été générée par entreprise en 2023.

Une dynamique mondiale en expansion

L'étude, qui couvre 1 400 entreprises dans 22 juridictions, identifie cinq marchés ayant connu une progression à deux chiffres de la vérification de la durabilité en 2023 : Hong Kong, Indonésie, Mexique, Russie et Arabie Saoudite.

« Les plus grandes entreprises mondiales ont bien répondu aux systèmes volontaires de reporting et d'assurance durabilité, poussées par la demande des investisseurs », observe Lee White, directeur général de l'IFAC. Il anticipe une évolution vers des divulgations obligatoires grâce aux nouveaux standards mondiaux mis en place, ce qui devrait encore renforcer la qualité et la comparabilité des informations liées à la durabilité.

Vers une standardisation accrue

Cette progression de la certification de la durabilité s'inscrit dans un mouvement plus large de professionnalisation du reporting ESG. L'objectif affiché par l'IFAC est clair : faire en sorte que les informations de durabilité atteignent le même niveau de confiance que les rapports financiers traditionnels.

L'intégration croissante des données ESG dans les rapports annuels, associée à l'utilisation préférentielle des auditeurs statutaires pour ces missions d'assurance, suggère une évolution vers une approche unifiée de l'audit d'entreprise, où performance financière et extra-financière seraient évaluées selon les mêmes standards de rigueur.

Samorya Wilson