Rencontre avec Gad Aiach, Commissaire aux comptes, Fondateur de Mozar, une solution digitale spécialisée dans le commissariat aux comptes pour les missions de transformation juridique et d’apports.
Le Monde du Chiffre : Pouvez-vous nous présenter votre parcours professionnel ?
Gad Aiach : Je suis commissaire aux comptes depuis près de 25 ans. J'ai étudié à l'université Paris-Dauphine, puis travaillé chez Arthur Andersen pendant cinq ans. Ensuite, j'ai exploré un autre domaine, la fusion-acquisition, dans une banque d'affaires, Deutsche Bank, à Londres, pendant six ans. En 2004, j'ai quitté Londres en pleine période de turbulences économiques, marquées notamment par les répercussions du 11 septembre. En 2003, j'ai choisi de revenir à Paris pour explorer l’entrepreneuriat. J’ai alors fondé un cabinet de conseil bancaire pour les institutions financières, toujours actif aujourd'hui et également cofondé une société de biotechnologie qui a mis au point un médicament pour traiter des maladies rares. Plus tard, j'ai créé Columbus, un cabinet spécialisé dans le commissariat aux comptes, l'évaluation d'entreprise et les opérations juridiques, vendu en 2021 au groupe Fiteco. Enfin, avec un associé, nous avons fondé Mozar, la première solution digitale dédiée aux opérations juridiques nécessitant un commissaire aux comptes, avec une approche moderne et simplifiée.
LMC : En quoi Mozar se distingue-t-il, alors que de nombreux cabinets de commissariat aux comptes sont déjà numérisés ?
G.A. : Mozar offre une approche et expérience différente centrée sur l’accessibilité et la rapidité, tout en maîtrisant les coûts. Prenons un exemple concret : imaginons une SARL qui souhaite faire entrer un investisseur. Pour cela, elle doit d’abord se transformer en SAS, puis réaliser une augmentation de capital. Ces opérations nécessitent des rapports spécifiques du commissaire aux comptes. Avec Mozar, tout se fait en ligne, et nous garantissons des délais rapides, généralement moins de 72 heures. Cela simplifie considérablement un processus souvent perçu comme complexe. Avec nos solutions, tout est traçable en ligne, depuis le devis jusqu’au rapport final. Nous voulons rendre ces services abordables tout en maintenant un haut niveau de qualité.
LMC : Vous prenez donc toutes les opérations en charge dès le début pour vos clients ?
G. A. : Pas exactement. Nous intervenons uniquement lorsque le client a besoin d’un commissaire aux comptes. Nous ne rédigeons pas les documents juridiques, par exemple, mais nous collaborons souvent avec les avocats ou experts-comptables des entreprises. Notre plateforme permet aux entrepreneurs et professionnels du droit de gérer facilement les étapes nécessaires, de la soumission des documents jusqu’à la réception des rapports.
LMC : Quelle est votre clientèle cible ?
G. A. : Notre clientèle est principalement constituée d’entrepreneurs et de petites entreprises réalisant moins de 10 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ces entreprises n’ont souvent pas de commissaire aux comptes attitré et cherchent une solution simple et rapide pour leurs besoins spécifiques. Nous travaillons également avec des avocats, qui peuvent utiliser notre plateforme pour leurs propres clients.
LMC : Quelle est la place de l’intelligence artificielle dans vos solutions ?
G. A. : Nos outils automatisent certaines tâches répétitives, mais l’analyse finale reste toujours humaine. Chaque rapport est supervisé par un commissaire aux comptes expérimenté. Cela garantit une qualité et une conformité irréprochables. Nous croyons en un équilibre entre technologie et expertise humaine.
LMC : Comment le secteur accueille-t-il un opérateur comme Mozar ?
G. A. : Les retours sont variés. Certains confrères sont sceptiques vis-à-vis du numérique ou de l’IA, mais nous sommes convaincus d’apporter une réelle valeur ajoutée à la profession. Nous modernisons l’image du commissaire aux comptes, souvent perçu comme inaccessible, en offrant une alternative rapide, transparente et éthique.
LMC : Quels sont vos projets pour 2025 ?
G. A. : Nous avons de grandes ambitions. Actuellement, nous recrutons pour renforcer notre équipe, notamment une directrice marketing pour développer notre réseau de partenaires. À moyen terme, nous souhaitons élargir nos services tout en maintenant un contrôle strict sur la qualité. Mozar n’est pas une simple plateforme de mise en relation ; nous sommes un cabinet engagé dans chaque dossier. Nous espérons avoir une place de leader dans notre secteur. En un an, nous avons déjà accompli beaucoup : une équipe dynamique, plusieurs versions améliorées de notre plateforme et des retours clients très positifs.
Propos recueillis par Samorya Wilson