La BEI demande aux États de soutenir les PME afin de favoriser leur transformation numérique et écologique

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La Banque européenne d’investissement (BEI) s’est interrogée sur la manière dont les conditions de financement constitueraient une menace pour la performance et la transformation des PME, dans un rapport publié en décembre 2024. Il en est notamment ressorti que les entreprises en retard dans l'adoption de solutions numériques et vertes rencontrent structurellement davantage de difficultés pour accéder au financement. D’où la nécessité de renforcer les soutiens publics dirigés vers les TPE/PME.

L’étude de la BEI (Banque européenne d’investissement), examine l’accès aux financements internes et externes des entreprises pour la période 2016-2023, couvrant des phases normales et de crise. Elle étudie l’impact des conditions de financement sur la performance et la transformation des PME et souligne l'importance du soutien aux entreprises, tant en période normale qu'en période de crise, non seulement pour la survie à court terme, mais aussi pour les objectifs à plus long terme de croissance économique durable.

Dépendance des PME à l’auto-financement

Selon le rapport de la BEI, comme les PME obtiennent difficilement les financements externes (banques, fonds d’investissement, business angel etc.) supplémentaires dont elles ont besoin, indépendamment du potentiel de leurs projets d'investissement, leurs sources de financement se limitent souvent à leurs fonds internes et à la love money (soutien financier de leurs proches).

L’enquête révèle que le financement interne représentait 69 % des investissements totaux des PME en 2023, contre 63 % pour les grandes entreprises, tandis que 54 % des PME comptaient exclusivement sur des sources internes, contre 43 % des grandes entreprises.  

Pour les auteurs, cette dépendance au financement interne peut aggraver la situation des petites sociétés lors de chocs externes, tels que la baisse soudaine des ventes due aux confinements de la COVID-19, la hausse récente des coûts de production causée par les prix élevés de l’énergie, ou le durcissement des conditions de financement externe par des hausses de taux d’intérêt ou des critères de prêts plus stricts.

L’innovation peut être un frein à l’octroi de financements

Pour la BEI, les entreprises innovantes, en général, rencontrent des difficultés particulières à accéder au financement externe en raison des niveaux d’incertitude et de risque associés à leurs projets, ainsi que de leur manque d’actifs tangibles pour servir de garantie. Selon l’étude, il existe un risque accru de manquer des opportunités d'investissement pour les entreprises tournées vers l’innovation en raison de leur vulnérabilité relativement plus élevée en période de détérioration cyclique, qui dépasse l'écart structurellement élevé des investissements.

La BEI souligne que pendant les crises, des conditions financières resserrées entravent l’octroi de prêts et élargissent les écarts de taux d’emprunt selon le pays et la taille des emprunteurs. La BEI recommande une attention politique spéciale à l’égard des PME innovantes pour éviter que les innovateurs leaders, qui sont des entreprises financièrement viables, soient entravés par d’importantes difficultés de financement.

La transition numérique et écologique favorise l’accès au financement

La BEI pointe les difficultés pour les petites entreprises d’obtenir l’appui d’établissements financiers, particulièrement lorsqu’elles accusent un retard dans leur transformation verte et numérique. L’un des enseignements de l’enquête est que les entreprises numériques ont été plus résilientes pendant la pandémie de COVID-19 et elles étaient moins susceptibles de réduire l'emploi. Mais les entreprises non numérisées subissent des désavantages concurrentiels croissants.

Par conséquent, la BEI attire l’attention sur les conditions de financement des entreprises viables qui tardent à engager une transition écologique et numérique. Pour elle, sans un financement adéquat pour ces investissements, le fossé pourrait encore s'élargir.

Nécessité d’une attention politique spéciale

Selon les auteurs du rapport, les politiques publiques devraient se concentrer sur les entreprises particulièrement vulnérables au resserrement et à la détérioration des conditions de financement, surtout lorsque les conditions de financement internes et externes se détériorent simultanément – une situation récemment rencontrée par de nombreuses micro et petites entreprises. Ils déplorent que les PME ayant un fort potentiel de croissance et des capacités d'innovation majeures, risquent d'être contraintes à la stagnation en annulant leurs investissements faute de financements accessibles ou abordables.

Pour la BEI, dans la période actuelle marquée par des mutations structurelles vers la digitalisation et la transition écologique, les conditions de financement jouent un rôle crucial dans la transformation des entreprises européennes.  

Par conséquent, le soutien politique devrait s’orienter vers les obstacles structurels qui empêchent les entreprises de se transformer. Pour elle, un soutien ciblé en faveur de ces investissements spécifiques est nécessaire pour combler les écarts en matière de digitalisation et de transition écologique parmi les entreprises européennes, accélérant ainsi une transition verte et équitable.

Samorya Wilson

Les Annuaires du Monde du Chiffre