Jasques Midali est commandant de police honoraire, spécialisé dans l’économie souterraine. Il a également été expert en criminalistique près la cour d’appel de Paris. Il a occupé le poste de délégué à la lutte contre l’exercice illégal et les fraudes auprès de l’Ordre des experts-comptables de Paris Île-de-France. Il a également été consultant auprès du conseil national des experts-comptables de 2012 à 2016.
De nombreux scandales d’envergure internationale ont démontré le rôle décisif de la comptabilité dénaturée au service de fraudes considérables. Dans tous les cas, des écritures comptables mensongères ont permis de dissimuler la réalité économique et financière de ces organisations. Nous sommes ici, en présence d’affaires spectaculaires qui ont détruit des sociétés multinationales, entraîné des licenciements massifs et ruiné des millions d’actionnaires. La mutation rapide de l’économie numérique et de l’évolution technologique favorise la publication d’états financiers « arrangés », adaptés aux objectifs poursuivis. D’une manière pratique, il s’agit ici de sous-évaluer les passifs en augmentant artificiellement les actifs d’une manière plus ou moins sophistiquée, et selon des volumes plus ou moins importants, et ce afin de soutenir les cours de bourse.
De multiples études se sont penchées sur l’identification des risques et ont mis en exergue des typologies de fraudes comptables. Depuis, des dispositifs de contrôle ont été mis en place pour assurer la transparence financière des grandes sociétés. Les professionnels du chiffre interviennent en qualité d’expert-comptable et de commissaire aux comptes. Ils veillent à sécuriser le milieu économique et financier en enregistrant et en contrôlant les écritures comptables qui doivent donner une image fidèle et sincère de la situation des opérateurs économiques. Ces experts de haut niveau sont organisés en ordres et compagnies, et sont placés sous la tutelle des pouvoirs publics (ministère de l’Économie et des Finances et ministère de la Justice). Ils produisent des comptes destinés à favoriser l’essor des entreprises et à assurer l’équité des assiettes fiscales et sociales. Le phénomène que nous allons évoquer est celui de la comptabilité dévoyée à Paris et sur le territoire francilien, majoritairement au service des très petites entreprises. Il ne concerne pas les grandes sociétés, les entreprises de taille intermédiaire, les petites et moyennes entreprises ; quasiment toutes accompagnées sur le plan comptable et financier par de véritables professionnels du chiffre, salariés ou indépendants. Il occupe une place spécifique sur le territoire national en raison de l’importance du PIB francilien soit 30,7 % du PIB national, 24 % du nombre d’entreprises, représentant 22,5 % de l’emploi en France ; et surtout de l’effectif impressionnant des quelque 500 000 TPE au turnover rapide, implantées en région parisienne. Ce phénomène, globalement mal évalué sur le plan typologique et en matière de dommages et de préjudices, constitue une originalité dans la mesure où il intervient au sein des zones grises et obscures de l’économie régionale. Par son ampleur, il contribue à fausser la concurrence, conduit de nombreuses entreprises à la ruine et apporte un redoutable appui opérationnel à toutes les formes de fraudes, qu’elles soient fiscales, sociales ou documentaires.
L’objectif de cet ouvrage est d'apporter un éclairage inédit sur cette « silencieuse » mais très coûteuse infraction, évaluée sur la base des 17 années d'activité (de 2006 à 2022), que l'auteur a passé à combattre aux côtés des principaux acteurs institutionnels (DGFiP, magistrats, Police nationale et Gendarmerie nationale).