Le Forum CAC organisé par le syndicat ECF a eu lieu mardi 8 mars. L’occasion de faire le point sur le relèvement des seuils d’audit légal porté par la loi PACTE en 2019 et de réfléchir sur des perspectives d’avenir pour la profession des commissaires aux comptes.
Ecrasement du chiffre d’affaires des auditeurs ?
Le syndicat ECF a mené une étude auprès de 166 commissaires aux comptes pour évaluer les conséquences de la loi PACTE. Selon cette enquête, les effets de la réforme s’avèrent catastrophiques pour la profession. En 2020 par exemple, le taux moyen de renouvellement des mandats PE tombe à 16 % pour une perte globale de chiffre d’affaires évaluée à 3,8 millions d’euros.
Des informations à relativiser cependant puisque dans une étude publiée en mai 2021, la CNCC produisait des données sensiblement différentes, avec un taux de renouvellement des mandats PE annoncé à plus de 50 % sur une base de 1 400 commissaires aux comptes interrogés.
Extra-financier, cybersécurité… des pistes se dessinent pour l’avenir des commissaires aux comptes
Quoi qu’il en soit, la réinvention s’impose aujourd’hui comme une absolue nécessité pour les auditeurs, qui doivent appréhender de nouveaux marchés en remplacement des mandats PE auparavant obligatoires.
Sur ce point, le témoignage du chef d’entreprise Bruno Bonnell invité lors du Forum CAC s’avère particulièrement suggestif. Ce multi-entrepreneur spécialisé dans le numérique et la robotique – également député lors de l’adoption de la loi PACTE et ayant voté en faveur de ce texte… – invite les commissaires aux comptes à se vendre plutôt comme des « commissaires aux risques » en adressant des secteurs tels que l’extra-financier ou encore la cybersécurité. Selon lui, les auditeurs apportent un regard extérieur bienvenu sur le business, pourvoyeur de confiance dans l’écosystème.
Pour Yannick Ollivier, Président de la CNCC également convié lors du Forum CAC : « La profession doit mener une vraie réflexion de fond sur elle-même, poussée malheureusement par ce contexte de la loi PACTE qui a des conséquences dramatiques sur certains cabinets. Ce débat doit nous amener à réfléchir sur la manière dont nous pouvons faire vivre notre mission. Il faut redonner un maximum de sens à notre utilité. »
Les commissaires aux comptes doivent faire évoluer leur modèle économique pour davantage d'attractivité auprès des entrepreneurs mais également des jeunes collaborateurs.
Hugues Robert (@HuguesRob)