Nous avons rencontré le Président de l’ANECS Yannick Le Noan qui a accepté de répondre aux questions du Monde du Chiffre. L’occasion de présenter l’ANECS, cette association dédiée aux jeunes experts-comptables et commissaires aux comptes stagiaires. Yannick Le Noan nous livre également son point de vue privilégié sur le problème de l’attractivité des métiers du chiffre auprès des jeunes.
Pouvez-vous nous présenter l’ANECS ?
L’ANECS est l’Association Nationale des Experts-comptables et Commissaires aux comptes Stagiaires. Cela fait un peu plus de 70 ans que l’association existe, elle a été créée en 1946. Nous poursuivons essentiellement trois axes : représenter, informer et aider les stagiaires experts-comptables et commissaires aux comptes.
Il s’agit tout d’abord de faire entendre notre voix auprès des instances et des syndicats. Nous informons aussi nos adhérents sur le stage, ses différentes étapes, les obligations qui s’y rattachent, etc. Enfin, s’agissant de l’aide, nous les accompagnons au maximum dans la réussite au diplôme d’expertise comptable. Nous proposons des formations, des journées d’information sur des thèmes divers, grâce notamment à l’intervention de nos partenaires. Nous favorisons les rencontres entre stagiaires dans les régions pour qu’ils puissent échanger et se soutenir mutuellement. Ils sont ainsi mieux armés dans la perspective de l’examen.
Vous avez été élu Président de l’ANECS en octobre 2017, quel regard portez-vous sur les premiers mois de votre mandature ?
Cela passe très vite ! Et comme j’ai la chance de participer à de nombreux événements, je peux me rendre compte à quel point la profession est riche et dynamique. Il y a énormément de personnes bénévoles, volontaires qui aident dans les instances et les syndicats. On rencontre aussi des profils de tous horizons, avec des cursus de formation ou des parcours professionnels parfois atypiques. Ce mélange est très intéressant ! Nous avons tous la même passion et la même volonté de se diriger vers une profession qui sache évoluer, bien accompagner et bien conseiller.
Quels sont les projets à venir de l’ANECS ?
Il y a tout d’abord cet axe fondamental de l’audit. Nous nous sommes rendus compte que l’association proposait trop peu de réunions ou de formations autour du commissariat aux comptes. Nous sommes donc en train de développer cet aspect. Nous nous sommes rapprochés des CRCC. Cela se met en place progressivement. Nous montons des réunions audit avec nos partenaires. Je pense que d’ici cinq ou six mois, nous aurons plus d’offres en matière de commissariat aux comptes, car cela représente une cible importante et le diplôme porte également sur ces questions.
Le but serait de développer cet aspect dans les régions pour que toutes les sections puissent proposer des événements liés à l’audit.
Un autre axe important est celui de l’international, entamé lors de la mandature précédente. Nous avons ainsi officialisé il y a peu la création de la section ANECS Luxembourg qui compte 25 adhérents. Nous avons également une piste sur le Maroc. Ce pays compte de nombreux stagiaires qui passent le diplôme français. Nous souhaiterions mettre en place une structure dynamique sur place.
D’une manière générale, le but serait d’accompagner les stagiaires souhaitant aller à l’international et leur fournir des informations notamment sur les démarches administratives. La toute nouvelle commission Internationale qui œuvre au sein du bureau exécutif national, est en train de mettre en place des fiches pratiques, des guides, un recueil pour effectuer son stage à l’étranger.
Cette possibilité d’ouverture à l’international est une réponse intéressante à l’enjeu de l’attractivité de la profession pour les jeunes, car nous voyons que la nouvelle génération aime aller à l’étranger.
Précisément, sur cette question du déficit d’attractivité de la profession comptable auprès des jeunes, quel est votre point de vue ? Y a-t-il des axes d’amélioration proposés par l’ANECS ?
Oui, à chaque fois que je rencontre les Présidents de l’Ordre ou de la Compagnie, nous en discutons.
Tout d’abord, il faudrait peut-être revoir les rémunérations. C’est un critère essentiel. Il conviendrait d’ajuster le barème en prenant notamment en considération les salaires pratiqués dans d’autres métiers du chiffre, comme la banque ou la finance.
Il serait opportun également d’adapter l’organisation des cabinets et le management aux nouvelles générations. Par exemple, au lieu de la traditionnelle hiérarchie assistant - collaborateur - chef de mission, il serait peut-être préférable de travailler en mode projets, ou sur des missions spécifiques, ou autour de pôles spécialisés.
L’équilibre vie privée - vie professionnelle est également un point important. Aujourd’hui, beaucoup d’adhérents estiment qu’ils travaillent trop, le samedi, parfois même le dimanche… Cela est particulièrement prégnant en audit. Le numérique favorise ce déséquilibre car aujourd’hui, il est possible de travailler à distance et on est rapidement tenté par exemple, de répondre à un mail ou de consulter un dossier client le dimanche chez soi… Il importe donc de bien cadrer dès le départ cette organisation entre la vie privée et la vie professionnelle.
Enfin, le dernier axe pour l’attractivité selon moi serait de faire évoluer la formation pour inclure davantage de communication, de marketing, de système d’information, ce qui pourrait séduire d’autres profils et nous permettre également de proposer aux clients de nouvelles missions, qui ne seraient pas purement comptables ou financières.
Propos recueillis par Hugues Robert