A l’occasion de la 17ème grande journée pédagogique des professions du chiffre qui a eu lieu le 15 novembre 2017, nous avons rencontré Olivier Boucherie, Président de la CRCC de Versailles, qui a accepté de répondre à nos questions sur le thème de l’attractivité des métiers de l’audit et de la comptabilité auprès des jeunes et sur la formation des nouveaux collaborateurs.
La profession comptable souffre d’un déficit d’attractivité auprès des jeunes. Comment faire selon vous pour « redorer le blason » des métiers du chiffre auprès de la nouvelle génération ?
Nous devons communiquer beaucoup plus sur l’intérêt de notre profession qui est un acteur de l’évolution technologique et du numérique.
Les cabinets d’audit et d’expertise comptable ont connu une transformation importante de leurs modes de production puisque l’intégralité des échanges avec l’administration fiscale sont désormais numériques. De même pour le social, depuis le 1er janvier 2017, l’ensemble des éléments sont télétransmis aux organismes sociaux. Vont également suivre la facturation électronique et l’obligation au 1er janvier 2018 pour les commerçants d’avoir des caisses qui nous permettront d’intégrer directement leurs fichiers dans nos systèmes comptables. Ces évolutions impactent l’organisation de nos structures.
C’est donc cet axe du digital qui serait à même de revaloriser les métiers du chiffre auprès des jeunes ?
En effet, car toutes les tâches de comptabilisation vont disparaître. Le rôle de conseil des professionnels du chiffre sera donc mis en avant. A partir d’une matière qui aura été produite automatiquement, il conviendra de mettre en place des tableaux de bord, des indicateurs de gestion, d’assurer la relation avec le client et de le conseiller.
Nous irons plus loin dans la gestion des entreprises, à rebours de l’image un peu « jaunie » du comptable qui serait simplement passif et présent uniquement pour respecter des obligations administratives.
Avez-vous un message à transmettre aux jeunes qui seraient tentés par les métiers de l’audit et de la comptabilité mais qui hésitent encore ?
Nous diffusons nos bienfaits dans tous les cercles de l’activité économique si bien que par exemple, une personne qui aurait souhaité devenir médecin mais qui aurait échoué au concours d’entrée dans cette profession, pourra encore, en investissant les métiers du chiffre, avoir une activité dans le secteur médical en travaillant dans un cabinet auditant un hôpital. Ou bien, autre exemple, en tant qu’expert-comptable ou commissaire aux comptes, il est possible de se spécialiser dans le sport. Nous sommes présents dans tous les domaines d’activité.
Un autre élément d’attractivité est que les diplômes en comptabilité sont autant de passeports pour éviter le chômage. Les cabinets recrutent à tous les niveaux. Les entreprises cherchent également des talents. Le dernier point à souligner est la rémunération qui est attractive, avec une progression assez importante jusqu’à 90 000 euros brut annuel pour des collaborateurs futurs associés.
Sous un autre angle, beaucoup de professionnels commissaires aux comptes et experts-comptables semblent insatisfaits de la formation des jeunes collaborateurs qui serait insuffisamment adaptée aux exigences pratiques de l’entreprise. Quel est votre point de vue à ce sujet ? Comment faire pour réconcilier l’école et l’entreprise dans le monde du chiffre ?
Il se trouve que je suis impliqué dans la formation initiale des confrères puisqu’avant d’être Président de la CRCC de Versailles, j’ai été pendant six ans le Contrôleur national du stage dans le cadre de la CNCC et à ce titre, je siège à la fois à la Commission de formation initiale du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables et à la Commission consultative auprès du ministère de l’Enseignement supérieur qui est l’instance supervisant l’ensemble des examens et jurys de la filière.
Ce que vous dites est une réalité quotidienne dans nos cabinets. Le problème se ressent particulièrement pour les plus jeunes collaborateurs. Donc, nous avons mis en place un chantier assez important de réécriture des programmes à tous les niveaux de la formation. Par exemple, pour répondre à la numérisation et à l’automatisation croissante de la profession, l’UV 8 du DCG qui traite du système d’information, sera particulièrement modifiée.
Sans doute, les professionnels ne s’impliquent pas assez dans ce genre d’organisations. C’est d’ailleurs peut-être un message à transmettre aux confrères : si vous souhaitez que les choses évoluent, soyez candidats et participez à ces travaux pour repenser les programmes afin de réduire l’écart entre les connaissances théoriques et les compétences pratiques des jeunes collaborateurs. Une autre solution intéressante à cet égard est le recours à l’apprentissage dans les cabinets.
Propos recueillis par Hugues Robert