A quelques semaines de l'ouverture du Congrès de l'Ordre des Experts-Comptables, le Monde du Chiffre a interrogé Charles-René Tandé, président de l'Ordre depuis le mois de mars dernier.
Le thème du 72ème Congrès de l'Ordre des Experts-Comptables est le conseil. Pourquoi considérez-vous que le conseil est un axe majeur de développement de la profession ?
Ce n’est pas la première fois que nous abordons cette question mais le temps est venu d’en faire une priorité absolue pour nos cabinets. Plusieurs raisons militent en ce sens.
La première est que nos clients en ont besoin car force est de constater que les entreprises françaises et leurs dirigeants souffrent d’un manque d’accompagnement alors même que leur parcours est jalonné de choix stratégiques - investissement, innovation, recrutement, exportation, transmission / cession - et dont les décisions peuvent avoir des conséquences importantes sur le fonctionnement de l’entreprise.
La deuxième est que nos cabinets doivent se sortir de l’étau dans lequel les a placés le déclaratif. Nos équipes sont asphyxiées et nos clients ne perçoivent plus la valeur de notre intervention. Le numérique, qui nous permet d’automatiser les tâches, est une opportunité qui doit nous donner du temps et de l’oxygène pour mettre en œuvre une stratégie de croissance.
Enfin, il n’aura échappé à personne que la valeur accordée par le marché à nos activités traditionnelles a tendance à baisser et qu’il nous faut trouver des relais de croissance.
Tous les cabinets sont concernés car tous doivent pouvoir tirer leur épingle du jeu. Etre performant dans l’accompagnement de nos clients n’est pas une question de taille et nous ferons en sorte de donner à chacun les clés nécessaires à leur développement.
Vous avez évoqué lors du début de votre mandat la nécessité de développer le conseil grâce à la spécialisation, pourquoi est-ce nécessaire ? Qu’est-ce que cela implique pour les experts-comptables ?
Force est de constater que cette question, qui n’est pourtant pas nouvelle, loin de là, interpelle au sein de la profession mais également dans notre environnement. C’est une bonne chose car cela attire l’attention sur les experts-comptables, sur leurs compétences parfois méconnues.
Mais la spécialisation n’est pas une fin en soi, il s’agit d’un élément parmi d’autres pour nous permettre de nous repositionner sur le marché du conseil. Une commission travaille sur le sujet depuis le début de notre mandat et devrait rendre ses premières conclusions d’ici à la fin de l’année. Il est encore trop tôt pour présenter le détail de notre projet. Ce que je peux d’ores et déjà dire, c’est que nous avons pour objectif d’ouvrir le champ des possibles pour la profession et pas de restreindre nos possibilités d’action.
Il n’y aura donc pas de tableau spécifique pour les spécialistes et pas de DEC à plusieurs vitesses.
Notre souhait est d’offrir aux professionnels un cadre rénové leur permettant de se développer, tout en capitalisant sur les atouts liés à notre réglementation (déontologie, qualité).
Le développement des missions de conseil a pour conséquence une réorganisation des cabinets. Comment les cabinets doivent-ils d’adapter à cette évolution? De quelle manière l'Ordre va-t-il les accompagner ?
Ce qui impacte le plus les cabinets en matière d’organisation, c’est la transition numérique. Le conseil n’est pas la cause de cette nécessité de réorganiser nos cabinets, au contraire, les gains de productivité induits par la digitalisation devraient nous permettre de dégager du temps pour développer le conseil. L’Ordre a mis en œuvre "Cap sur le numérique !", un plan ambitieux d’accompagnement des cabinets à cette transition numérique.
Pour ce qui est de l’accompagnement vers le conseil, c’est tout l’objet du 72ème Congrès de l’Ordre qui se tiendra à Lille du 27 au 29 septembre prochain : donner les clés d’une organisation autour des missions de conseil possibles et propres à chaque cabinet.
Qu’attendez-vous de ce Congrès ?
Ce Congrès a pour ambition d’être utile en apportant des solutions pratiques aux questions que peuvent se poser les dirigeants de cabinets autour des quatre axes définis : Savoir-être, Savoir-Faire, Faire savoir et Faire.
Je veux que les congressistes repartent du Congrès en ayant matière à réflexion.
A titre plus personnel, il s’agira de mon premier Congrès en tant que Président du CSOEC et je souhaite en profiter pour rencontrer un maximum de consœurs et de confrères même si le planning s’annonce particulièrement chargé.
Propos recueillis par Arnaud Dumourier