Interview de Mikaël Hugonnet, Président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Poitou-Charentes Vendée.
Qu’est-ce qui vous a amené au métier d’expert-comptable ?
Mon père m’a orienté vers cette profession, en suscitant, très jeune, mon intérêt pour la filière. J’étais lycéen et il travaillait alors dans une banque. J’ai fait un bac comptabilité et gestion, ce qui m’a permis de découvrir la matière comptable : l’analyse des chiffres, la réflexion sur la gestion m’ont tout de suite plu. Chemin faisant, j’ai poursuivi en BTS comptabilité et DECF. Mon parcours est somme toute traditionnel mais il m’a vraiment donné l’envie d’entrer dans la profession. D’ailleurs, dès le lycée, mon objectif était de devenir expert-comptable. J’ai été diplômé fin 1999 et me suis installé dès 2001 dans un cabinet traditionnel indépendant.
A quel moment votre engagement au sein de l’institution a-t-il débuté ?
Mon engagement s’est fait au même moment que mon installation. J’ai tout d’abord présidé le CJEC régional. En 2005, me voilà élu pour la première fois au Conseil régional de l’ordre de Poitou-Charentes Vendée. Dans le cadre de cette mandature, j’étais responsable de la commission Informatique, une matière qui m’intéressait tout particulièrement. La région Poitou-Charentes Vendée était pilote du projet "Jedeclare", j’ai ainsi participé à la signature du premier accord national avec un réseau bancaire ; l’Ordre était déjà en avance sur les aspects technologiques et sur la transition numérique. Parallèlement, j’occupais des fonctions de contrôleur de qualité et contrôleur de stage. En 2009, j’ai réalisé un nouveau mandat en tant que vice-président du Conseil régional de l’Ordre, avec la présidence de la commission Devoirs et Intérêts professionnels (gestion des litiges et des conciliations entre confrères, et confrères clients). Ces deux mandatures m’ont permis d’avoir une vision très globale et précise des tâches effectuées au sein d’un Conseil régional de l’ordre des experts-comptables.
Pourquoi cette volonté de vous engager dans la vie ordinale ?
Pour la petite histoire, je faisais partie du syndicat IFEC et je me suis associé avec Gilles Fauconnier, alors élu ECF et président de la Cavec. Nous étions chacun très marqués politiquement mais cette différence nous a permis d’avoir des discussions très positives sur la profession et le service à apporter à nos confrères et clients. Elles ont été motrices de mon investissement pour le développement de la profession, que j’estime moderne, dynamique et en adéquation avec son environnement économique. J’avais aussi la volonté de servir l’intérêt collectif. Cela m’a d’ailleurs toujours accompagné. A titre personnel, deux investissements forts ont marqué ces dernières années : j’ai présidé un club d’entrepreneurs de 250 adhérents où j’ai retrouvé cette dynamique de défense de l’intérêt collectif et de promotion des membres du groupe, cette proximité et cette richesse humaine, similaires à l’environnement d’un Conseil régional de l’ordre ; et je suis également juge au tribunal de commerce de Niort. C’est un parallèle intéressant avec la présidence du Conseil régional puisque l’on contribue à faire vivre le tissu économique local, tout en entretenant les relations interentreprises.
Quels sont vos objectifs pour les deux ans à venir ?
Mon parcours professionnel est caractérisé par trois valeurs fortes : égalité, parité et inter-générations. Ces valeurs ont beaucoup compté dans la composition de l’équipe d’élus du Conseil régional : une équipe paritaire, issue de différentes générations, représentant différents types de structures. Cela permet des échanges constructifs dans le cadre des trois objectifs de mandature :
- Promouvoir la profession et plus largement la marque "Expert-comptable", en donnant une image dynamique et moderne de notre métier, tout en valorisant notre présence aux côtés du chef d’entreprise. Nous menons des actions de communication auprès des médias régionaux, mais aussi auprès des institutionnels-partenaires des chefs d’entreprise (chambres consulaires, préfectures, organisations syndicales professionnelles…). Nous souhaitons être présents sur les manifestations régionales traitant du numérique, tout en investissant le terrain du mécénat. C’est une façon de surprendre notre environnement, en montrant que l’expert-comptable n’est pas cantonné à faire des comptes : la profession est numérique, et sait prendre de la hauteur en menant des actions de mécénat culturel, sportif…
- Poursuivre la lutte contre l’exercice illégal, dans un souci de protection de nos clients. Entre répression et prévention, cela a toujours été une préoccupation majeure du Conseil. Nous continuerons de mettre les moyens pour engager des actions contre ces pratiques et poursuivre la démarche préventive auprès des confrères et institutionnels. Il y a déjà eu des actions de communication dans la presse visant à alerter sur l’exercice illégal. Nous poursuivrons ce travail de fond auprès des institutionnels dans le cadre de réunions de travail et de manifestations auxquelles nous participons. De même, nous comptons être très présents lorsqu’il y a des signalements sur le terrain des réseaux professionnels et des entreprises.
- Intensifier les actions "attractivité" auprès des jeunes. Nous organisons depuis 30 ans un tournoi de gestion dans la région, avec une vingtaine d’établissements scolaires et universitaires. Nous sommes aussi présents auprès d’organismes tels qu’Entreprendre Pour Apprendre (EPA), qui amène le monde de l’entreprise dans les établissements. L’objectif est de communiquer auprès de ces publics jeunes sur ce qu’est notre métier ; j’en reviens à cette notion de dynamisme et de modernité de la profession. Notre métier ne connaît pas la crise, les rémunérations sont intéressantes, les métiers sont divers au sein du cabinet… Autant d’aspects permettant de valoriser ce métier à multiples facettes auprès de jeunes trop souvent focalisés sur le terme “comptable”. Nous prévoyons à la fin de l’année une opération « Portes ouvertes des cabinets » à destination des lycéens et des étudiants. Les faire entrer dans nos cabinets permettra de leur présenter le panel de métiers, notamment celui d’expert-comptable.
Une dernière chose dont vous souhaitez parler ?
Dernier grand sujet, la réforme territoriale. Notre région est doublement impactée puisqu’en janvier 2019 le Poitou-Charentes rejoindra le Limousin et l’Aquitaine pour former la région Nouvelle Aquitaine ; au détriment de la Vendée qui s’ajoutera aux Pays de la Loire. Nous avons donc une double problématique : l’organisation de la fusion des trois premières régions pour la formation de la Nouvelle Aquitaine, et l’intégration de la Vendée aux Pays de la Loire. C’est un défi de taille pour l’équipe d’élus du Conseil régional de l’ordre, soucieuse de maintenir et de garantir un niveau de service élevé aux consœurs et aux confrères tel qu’il existe actuellement. Notre crainte serait qu’il disparaisse. Nous allons aussi nous battre pour qu’ils puissent continuer de bénéficier d’un service de proximité. Les élus sont motivés par ce challenge et souhaitent imaginer une organisation qui servira voire améliorera le service rendu aux confrères.