Interview d'Antoine-Jean Giuseppi, président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Corse.
La mise en place d’un Conseil régional n’a pas dû être facile ?
Avant même la mise en place, ce qui a été particulièrement difficile, c’est l’obtention de la création d’un Conseil régional. Je crois que l’on peut dire aujourd’hui que c’est la première réussite. C’est une véritable chance, une réelle opportunité pour la profession en Corse.
Après, bien qu’ayant une bonne expérience en participant à des conseils depuis près de 20 ans, j’ai été un peu surpris par l’importance du travail à fournir et par le temps à consacrer pour le bon fonctionnement du Conseil régional ; il a fallu tout créer, tout mettre en place.
Ma principale préoccupation concernait les finances. Malgré un petit budget, une gestion attentive des charges et une prudence permanente nous ont permis d’effectuer toutes les actions nécessaires.
Avec, à mes côtés, l’équipe d’élus et les permanentes, nous avons beaucoup travaillé, et ce, malgré les difficultés rencontrées ; je pense que nous pouvons afficher aujourd’hui un bilan positif. Nous avons réussi à pérenniser le Conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Corse, en un peu plus de trois ans. La mission que je m’étais fixée est accomplie.
Pouvez-vous nous rappeler les axes fixés en tout début de mandature ?
Lors de notre élection, la présidente déléguée, Marie-Dominique Cavalli, les élus et moi-même, avions la volonté d’assurer l’exercice professionnel dans le respect de la déontologie, de moderniser et promouvoir l’image de la profession, d’accompagner le développement des cabinets et d’affirmer la représentativité du Conseil régional. C’est ce à quoi, tout au long de cette mandature, nous avons œuvré dans l’intérêt des confrères, mais également de l’entreprise, de l’emploi et de l’économie de la Corse. Nous avons tout mis en œuvre pour que la profession d’expert-comptable soit et demeure une référence et un acteur incontournable.
Quelles sont les réussites de votre mandature ?
C’est tout simplement, alors que certains en doutaient, d’avoir créé un Conseil régional qui remplit très convenablement toutes les fonctions qui doivent être les siennes, tant en matière régalienne qu’en communication ou de toute autre fonction classique.
La formation était également un des principaux enjeux de ce jeune conseil.
Dès sa création, nous avons tenu à créer un institut de formation en région, présidé par Marie-Dominique Cavalli. Nous avons ainsi pu répondre aux attentes des professionnels et de leurs collaborateurs dont les stagiaires en leur permettant de suivre des formations de qualité à des coûts moindres et avec des temps de déplacement réduits, ce qui n’est pas négligeable.
Pour permettre aux confrères de parfaire leur formation, nous avons également créé en région le Club fiscal et le Club social, qui rencontrent un franc succès.
Une proximité en matière d’informations était également attendue. En effet, les confrères se rapprochent régulièrement de nos permanentes et des élus pour des demandes diverses et variées. Dans cette logique, et pour accueillir les confrères dans les meilleures conditions, nous avons souhaité ouvrir, en plus du siège à Ajaccio, une antenne à Bastia. Bien vite, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait des locaux plus spacieux, afin notamment de pouvoir disposer de salles de réunions. C’est ce qui a été fait, avec aussi l’embauche nécessaire d’une -troisième permanente.
Nous avons également effectué un important travail en matière de lutte contre la pratique illégale de la profession. Tous les cas avérés sont traités.
Nous pouvons également être satisfaits de l’évolution de notre communication qui a été un axe privilégié. Au fil des années, nous avons renforcé nos relations et notre représentation auprès de l’ensemble des acteurs de notre environnement, notamment en prenant part aux manifestations locales. Nous n’avons eu de cesse de nous rapprocher des institutions (DGFiP, RSI, Urssaf, MSA, Direccte, Banque de France) avec lesquelles nous avons créé de très bonnes relations, et avec qui nous organisons régulièrement des rencontres : présentation des lois de finances, actualités des nouveaux textes… Forts de nos fondamentaux, nous nous affirmons également comme tiers de confiance envers les pouvoirs publics. Nous avons réussi à pénétrer le secteur agricole et commençons à pénétrer le secteur public, qui nous tient à cœur. Nous avons créé également d’excellentes relations avec nos partenaires qui nous permettent d’organiser régulièrement des évènements, notamment les chambres consulaires : promotion de la profession auprès des jeunes (nuit de l’orientation), auprès des entreprises (salon de l’entrepreunariat…).
Parallèlement, nous organisons des rencontres régulières avec les confrères pour leur apporter des informations sur les nouvelles missions et l’évolution de la profession : réunions pour mobiliser les cabinets sur la mise en place de la Déclaration Sociale Nominative (DSN), mobilisation que nous avons étendue aux entreprises ; atelier sur l’expert-comptable numérique… Nous relayons la communication préconisée par le Conseil supérieur comme l’opération Allô impôts ou encore Business story.
Enfin, nous avons obtenu le soutien de partenaires toujours plus nombreux nous permettant d’organiser les différentes rencontres et notamment notre rassemblement annuel « La Journée de l’expert-comptable », au cours de laquelle se tiennent les assemblées générales du Conseil régional et de l’IRF, ainsi que la solennelle prestation de serment. Cette année, nous avons initié un débat-échange sur le thème "Les entreprises et l’économie en Corse : état - actions - perspectives" avec à nos côtés une tribune prestigieuse : le préfet de région, le président de l’Agence de développement économique de Corse, le directeur régional de la Banque de France, le président de la chambre de commerce et d’industrie d’Ajaccio et de Corse du sud, le président régional de la chambre de métiers et de l’artisanat ; nous avons réussi à affirmer notre rôle dans l’économie régionale.
Comment décririez-vous le rôle du président du Conseil régional de l’ordre ?
Le président représente le Conseil régional, anime l’équipe des élus et des permanentes. Il est aussi le porte-voix de notre profession auprès des administrations et des diverses institutions. C’est une lourde charge, qui requiert un investissement de tous les jours - il ne faut pas craindre de faire des kilomètres et des heures d’avion - rempli d’inattendus auxquels il faut savoir s’adapter.
Quel est selon vous l’avenir de la profession en Corse ?
La profession subit des mutations importantes ; au-delà de la mission comptable, la réglementation évoluant, l’expert-comptable a de multiples nouvelles missions. Il est expert en fiscalité, en social, en financement, en gestion, en création et transmission, en export… il est l’expert-conseil de l’entreprise, et de plus en plus des particuliers.
Compte tenu de la diversité de ces activités, les cabinets doivent évoluer et anticiper ces changements. Je reste donc optimiste quant à l’avenir de la profession en Corse. Pour notre part, en cette période, notre objectif est de les accompagner à passer au tout numérique.