Six questions à Matthias Collot, expert-comptable parisien.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir expert-comptable ?
Sans aucun doute, mon père, qui avait un cabinet d’expert-comptable à Metz, mais aussi mon goût pour l’aventure entrepreneuriale. La vocation a été cependant tardive : porté par mes bonnes notes en sciences, je me suis engagé dans la filière d’ingénieurs. Ce n’est qu’à la trentaine, après Polytechnique et les Mines et un début de carrière dans l’administration puis le conseil, que j’ai rejoint un cabinet parisien.
Comment définissez-vous votre métier ?
J’ai un positionnement atypique : je suis associé dans un cabinet de 220 personnes mais j’anime pour ma part une équipe de 10 personnes dédiées au conseil. J’offre à mes clients (grands groupes, PME, fonds,…) différents services allant du business plan à l’audit d’acquisition en passant par des audits internes ou de l’accompagnement à direction financière.
Et celui de demain ?
Mon activité sert de laboratoire au reste du cabinet. Je suis convaincu que la profession bénéficie aujourd’hui d’un point de départ robuste qu’il ne faut pas négliger (profession réglementée avec une relation privilégiée au chef d’entreprise et un fonds de commerce récurrent non négligeable). Mais plusieurs signaux indiquent une forte transformation à venir : ainsi comme les taxis face à Uber ou l’hôtellerie face à Airbnb, il faut évoluer en complétant ou même transformant l’offre traditionnelle, tout en conservant ses atouts.
Votre fait d’arme ?
Avoir démarré à zéro la filière d’obtention du DEC en 2005 à 31 ans et avoir obtenu mon DEC après un parcours de 10 ans, en gérant vie familale et engagement fort au sein du cabinet. Après 2 diplômes d’ingénieur et des études terminées à 25 ans, cela m’a demandé pas mal d’abnégation et d’humilité, notamment en devant démarrer au niveau du DPECF. Mais l’intérêt de la formation m’a motivé et je dois être aujourd’hui un des rares X-Mines, expert-comptable.
Le secret de votre réussite ?
Destiné au départ à être un ingénieur parmi d’autres dans un grand groupe ou une administration, j’ai préféré jouer l’originalité en me positionnant dans un secteur où peu auraient mon profil. Je pense au final apporter un regard neuf à mes clients après avoir vécu plusieurs vies (de la R&D aux Etats-Unis en passant la banque à Francfort, le service économique du régulateur des télécoms et le conseil en stratégie). Dans mes secteurs de prédilection (les énergies nouvelles, les cleantech et les télécoms), j’interviens comme expert-comptable et expert financier mais je me sers de l’ensemble de mon parcours pour déborder du domaine purement financier.
Une anecdote originale sur votre cabinet ?
Mon embauche en 2006 par le cabinet dont je suis aujourd’hui associé. Nombreux sont ceux qui vantent l’intérêt de diversifier les profils ou de lancer des offres conseil pour des cabinets de taille moyenne. Mais peu passent le pas. C’est pour cela que je salue le pari qu’a fait le président du cabinet (de 100 personnes à l’époque) de recruter un polytechnicien sortant d’un cabinet en stratégie. Porté par une vision de transformation de la profession, il a convaincu les autres associés de l’intérêt de ce recrutement pour porter une offre conseil.
A propos
Cet article provient du numéro 93 du Francilien, la revue des experts-comptables région Paris Ile-de-France.