Interview de Alain Leuger, Président du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables de Limoges.
Quelles sont les grandes réussites de votre mandature ?
Nous avons eu à mener de nombreux projets dont le plus important reste les nouveaux locaux du Conseil régional de l’ordre des experts-comptables et de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Limoges, la Maison du chiffre, espace fédérateur pour les professionnels du chiffre. Après près de six mois de travaux, nous avons eu le plaisir d’inaugurer ce nouvel espace de travail, le 29 janvier 2015, en présence des personnalités du département. D’une surface de 850 m2 répartie sur trois niveaux, la Maison du chiffre offre des conditions de travail idéales aux salariés des deux institutions ; elle dispose, outre les secrétariats respectifs, d’un auditorium de 150 m2, de cinq salles de formation ouvertes à tous les professionnels et collaborateurs de cabinet et d’une belle bibliothèque. Ces locaux communs Ordre/Compagnie sont l’occasion, pour nos deux institutions, de consolider les bonnes relations déjà développées sous la précédente mandature. Nous tenons à entretenir avec nos amis commissaires aux comptes, qui sont d’ailleurs dans la grande majorité des cas également experts-comptables, des relations cordiales, franches et constructives. Dans un environnement législatif et règlementaire parfois mouvant et incertain pour nos deux professions, il est impératif de resserrer les rangs et de faire front commun dans la défense de nos prérogatives d’exercice : une profession, deux métiers.
Par ailleurs, nous avons particulièrement mis l’accent sur la promotion de notre profession auprès des jeunes, en multipliant les rencontres dans les lycées et les filiales spécialisées. En 2015, nous avons organisé le Tournoi de Gestion, qui offre la possibilité aux jeunes étudiants en expertise comptable de se mettre en situation de challenge pour piloter une entreprise et ainsi se confronter à la réalité dumonde économique. Ce tournoi permet avant tout de créer un lien entre les futurs experts-comptables et leurs confrères et de leur donner un avant-goût réaliste de la vie d’entreprise de manière ludique et éducative. A l’issue de cette journée, les étudiants participants et des expertscomptables se sont retrouvés pour une soirée placée sous le signe des échanges et de la convivialité, dans une ambiance décontractée : « La Nuit Qui Compte ». Les organisateurs ont ainsi pu répondre aux différentes questions des étudiants de la filière comptable : orientation, cursus scolaire, stages.
Quel est votre principal regret pour cette mandature ?
Notre Conseil régional est la maison de notre profession, notre famille. Comme dans toutes les familles, il y a des règles et des obligations de respect.
Malheureusement, un peu à l’image de l’évolution de la société, nous devons déplorer, du fait d’une minorité de confrères, la multiplication, voire la banalisation d’actes de transgression des règles de notre profession, d’incivisme ou plus simplement d’irrespect et d’impolitesse entre confrères et à l’égard des élus et des permanents.
Ces comportements, peu dignes d’experts-comptables, sont totalement inacceptables. L’ensemble du Conseil régional, avec l’appui de notre commissaire du Gouvernement, est bien décidé à utiliser l’ensemble des moyens coercitifs à notre disposition pour faire cesser de tels agissements. Mais en disant de tels mots, peu habituels pour moi, je me rends bien compte que je n’ai que très peu de chance de m’adresser aux confrères concernés, ces derniers montrant un intérêt pour l’institution et plus largement pour notre profession, à la hauteur de leur attitude.
Quelle a été votre action principale envers les confrères ?
Nous sommes allés très fréquemment à leur rencontre afin de les écouter et de leur présenter les actions et les évolutions de notre profession, notamment en décentralisant les sessions et les assemblées générales du Conseil régional.
L’assemblée générale représente un point de passage particulièrement important pour tous les professionnels du chiffre. L’expert-comptable doit s’adapter en permanence afin de faire face à toutes les évolutions de la société et continuer à jouer un rôle de conseil stratégique pertinent. A l’ère du numérique, de l’innovation et de la compétitivité dans un monde toujours plus globalisé, le champ d’actions de l’expertise comptable ne cesse de s’élargir. Nos compétences doivent suivre le même chemin, il nous faut anticiper et assimiler les mutations économiques de demain.
Actuellement, quels sont les sujets qui font débat dans la profession ?
Un sujet d’actualité, vigoureusement débattu lors des dernières sessions et coordinations des présidents, est la création des super régions et ses conséquences possibles pour l’organisation de notre Ordre. La nouvelle super région qui naîtra du regroupement des régions actuelles Aquitaine, Poitou-Charentes et Limousin (dite provisoirement région APOIL, souhaitons que l’on trouvera mieux pour la suite) sera une région de taille inédite : 13,5% du territoire métropolitain, 600 kilomètres de Thouars (Deux-Sèvres) à Hendaye (Pyrénées Atlantiques), près de 1500 confrères. On peut déjà entendre prononcer les termes d’absorption des petites régions par les grandes. L’histoire, mais aussi le monde des affaires, nous ont montré à maintes reprises à quoi peuvent aboutir les annexions, absorptions et autres volontés hégémoniques en tous genres. En ce qui me concerne, je préfère le terme d’union (qui fait la force ?).
Une majorité des confrères présents ont conclu qu’il était urgent d’attendre et ce pour deux raisons principales. Même s’il est certain que l’organisation de nos régions ordinales devra s’adapter à la réforme territoriale qui va se mettre en place, notre propre découpage territorial, hérité des anciennes régions militaires, n’était déjà pas aligné sur les régions administratives actuelles.
Ensuite, et surtout, parce que la légitimité de notre Ordre provient de sa proximité et de sa présence auprès des confrères. Le maillage des régions actuelles, les relais assurés par les associations départementales et les actions des Conseils régionaux, avec l’appui de l’Anecs et du CJEC auprès des jeunes et futurs professionnels, nous ont permis, en dépit de l’évolution générale des comportements, de maintenir la reconnaissance de l’Ordre auprès des confrères en région. La perte de proximité et le relâchement des liens entre les confrères et leur Ordre est de nature à favoriser la loi de la jungle et l’affairisme débridé.
Le principal risque serait de voir, à terme, notre Ordre se transformer en simple institut professionnel. Dans ces conditions quel avenir et quel sens donner à nos textes règlementaires ? Nous devons mener une réflexion sur cette question et prendre le temps nécessaire à la définition de solutions intelligentes et adaptées.
Que retiendrez-vous de ces quatre années de mandature ?
Ces quatre années de mandat ont été un grand enrichissement tant professionnel que personnel. Tout d’abord, je tiens à saluer Michel Recor et Gilbert Lisi, commissaires du Gouvernement avec qui nous avons étroitement collaboré. Ensuite, je tiens à saluer nos amis de la Compagnie des commissaires aux comptes, avec qui nous avons continué à œuvrer conjointement dans notre Maison du chiffre. Enfin, je tiens à saluer le travail de l’ensemble des élus qui ont œuvré pour notre profession durant ces quatre années. Votre implication, le temps que vous avez donné à l’institution et vos bonnes idées ont permis la réussite de nos manifestations.