La génération start-up est en marche et les jeunes créateurs d’entreprises innovantes sont en pleine effervescence ! Pour les experts-comptables, cela représente une prodigieuse manne de clientèle. Mais encore faut-il savoir se positionner par rapport à ces entrepreneurs « pas tout à fait comme les autres… »
Des éléments de réponse ont été proposés à cet égard lors des Universités d’été de la profession comptable, dans le cadre d’une table ronde sur le thème : « Quel expert-comptable pour les startups ? » Le Monde du Chiffre revient sur cette question stratégique dans un Dossier Spécial Start-up avec trois éclairages au menu :
• Quelles sont les attentes des startupers vis-à-vis des experts-comptables ?
• Comment séduire le « marché start-up » en tant qu’expert-comptable ?
• Quelle politique de prix adopter comme expert-comptable vis-à-vis des startups ?
A découvrir aujourd’hui : le premier article de notre Dossier Spécial Start-up :
Quelles sont les attentes des startupers à l’égard des experts-comptables ?
Les startupers sont des clients un peu particuliers pour les professionnels du chiffre, avec une culture et des codes qui leur sont propres. Les startups elles-mêmes sont des entreprises singulières, qui impliquent des prestations renouvelées de la part des experts-comptables.
Des missions traditionnelles d’expertise comptable abordées sous un angle plus souple et créatif
La plupart des jeunes startupers n’entendent pas grand-chose à la comptabilité et à la gestion d’entreprise. Ils sont hermétiques aux chiffres. Les experts-comptables sont donc attendus sur cet aspect, à savoir leur cœur de métier, les « missions traditionnelles » : la tenue comptable, la gestion fiscale, sociale, juridique…
Le témoignage de Thibault, jeune startuper intervenant lors de la table rond, est éloquent de ce point de vue : « nous sommes allés voir un expert-comptable pour se décharger des problématiques administratives, les premiers traitements comptables, le premier salarié, etc. »
Le professionnel du chiffre est également attendu pour fournir un cadre au jeune startuper qui souvent brillera par sa créativité entrepreneuriale, mais pourrait également avoir tendance à oublier un peu le monde réel… pris « la tête dans le guidon » dans le dynamisme de son projet.
Benoît, jeune startuper également présent lors de la table ronde, nuance cet aspect : « l’expert-comptable doit fournir un cadre mais ne doit pas stéréotyper l’innovation ». Autrement dit, l’accompagnant devra adopter une démarche équilibrée, par laquelle il ramènera si besoin est, l’entrepreneur à la réalité (sur par exemple, les contraintes inhérentes à toute création d’entreprise…) sans pour autant brider sa créativité.
L’expert-comptable doit accepter de sortir des sentiers battus et proposer un accompagnement nuancé, créatif et personnalisé à l’égard de son client startuper.
Des missions de conseil à l’honneur pour les clients startupers
Mais au-delà des missions traditionnelles, le professionnel du chiffre est également attendu sur un rôle de conseil. Ainsi, Arnaud, autre jeune intervenant de la table ronde, de préciser : « l’expert-comptable est le directeur financier de la start-up ».
Les startupers n’ont pas le temps. Ils sont sur une logique de quotidien, à régler les problèmes au jour le jour. Dans cette perspective, ils attendent des conseils pour une prise de distance sur la gestion globale de l’entreprise au plan financier. Ils veulent des chiffres prévisionnels, éventuellement un accompagnement sur le business plan (si tant est que cet outil conserve un sens pour nos imprévisibles start-up !) voire même sur le modèle économique. L’optimisation fiscale fera également partie des doléances.
« Pourquoi ne pas aller plus loin avec des missions RH, des conseils en recrutement par exemple, au plan financier, juridique et humain », suggère même Benoît. L’expert-comptable a une vision globale de l’entreprise, il est attendu sur cet aspect.
Enfin, le professionnel du chiffre pourra faire partie de l’équipe d’accompagnement pour effectuer une levée de fonds le cas échéant, avec d’autres partenaires : avocats, institutionnels comme Bpifrance par exemple… Pour information, la levée de fonds est une mission de conseil qui engage des honoraires non négligeables !
L’expert-comptable, bien impliqué dans son travail accompagnement, pourra même endosser le rôle de « coach » pour ses clients startupers, les faire « pitcher » par exemple sur leur projet entrepreneurial afin de décrocher des financements. Les startupers sont particulièrement exigeants en termes de temps passé, mais le jeu peut en valoir largement la chandelle avec des honoraires confortables à la clé, si le projet parvient à décoller…
Hugues Robert