La blockchain pour les commissaires aux comptes : entre menace et opportunité

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forum-cac-ecf-blockchainLe Forum CAC organisé par le syndicat ECF a été l’occasion d’aborder le sujet de la blockchain dans ses rapports avec les commissaires aux comptes.

Lors du Forum CAC 2018, un atelier s’est intéressé à la fameuse technologie blockchain, avec les interventions de Serge Yablonsky, co-président du groupe de travail Audit Informatique à la CRCC de Paris et Fabrice Heuvrard, expert-comptable et commissaire aux comptes particulièrement versé dans ces questions.

Technologie blockchain : de quoi s’agit-il au juste ?

La blockchain, tout le monde en parle mais peu de personnes savent véritablement de quoi il retourne… Serge Yablonsky a donc pris le temps de présenter cet « animal » aussi célèbre qu’au fond, largement méconnu.

La blockchain renvoie ainsi à « des systèmes de blocs qui sont créés puis démultipliés sur des sites différents et qui sont chaînés entre eux. A chaque niveau, se trouve un cryptage. Les blocs sont cryptés, de même que les chaînes. » Malgré l’absence d’organe de contrôle, les informations stockées et transmises sont inaltérables et sécurisées car « si on change une donnée quelque part dans la chaîne, tout tombe » et comme les blocs sont par ailleurs démultipliés sur différents supports, « on retrouvera quoi qu’il en soit la valeur d’origine. »

Cet aspect d’inaltérabilité des données sans intermédiaire de contrôle explique que la blockchain puisse entrer en concurrence avec les tiers de confiance : notaires, banquiers… mais également commissaires aux comptes… Toutefois, cette technologie est aussi source d’opportunités pour les auditeurs légaux qui vont pouvoir se positionner sur de nouvelles missions.

La blockchain sécurise la donnée, le commissaire aux comptes sécurise la blockchain !

« Le commissaire aux comptes a toute sa place dans la blockchain » selon Fabrice Heuvrard. En effet, comme l’avait souligné le Président d’EY France Jean-Pierre Letartre dans une interview accordée au Monde du Chiffre, « il faudra quoi qu’il en soit des tiers de confiance pour s’assurer du bon fonctionnement de la blockchain ou des différents algorithmes… Donc je ne crois pas du tout à la disparition de la notion de contrôle par un tiers de confiance. »

Et Fabrice Heuvrard de poursuivre : « les commissaires aux comptes disposent déjà de la boîte à outils nécessaire pour auditer la blockchain : cela s’appelle les NEP ! »

Par exemple, dans le cadre de la Norme d’Exercice Professionnelle 315 « Connaissance de l'entité et de son environnement » et concernant une entreprise qui aurait un rapport quelconque avec une ou plusieurs blockchains, le commissaire aux comptes pourra intervenir pour évaluer le risque d’anomalies significatives liées à ces interactions : une belle source de nouvelles missions ! Ce type d’interventions supposera bien entendu le recours à des compétences externes pour auditer le code informatique proprement dit.

Hugues Robert

Les Annuaires du Monde du Chiffre