Transition écologique et finance durable : des ambitions affichées, des défis persistants

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L'Institut de la Finance Durable (IFD), sous l'égide de Paris EUROPLACE, a tenu sa deuxième édition des Rencontres de l'IFD ce 31 mars 2025. Placé sous le Haut Patronage du ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, cet événement a affiché une mobilisation stratégique face à un contexte géopolitique tendu

La dernière édition des Rencontres de l’IFD a exploré le thème « Transition écologique : renouer avec une vision stratégique de long terme ». L’évènement, placé sous le haut patronage du ministère de l'Économie, et rassemblant plus de 800 participants issus du monde économique et financier, a mis en avant les défis de financement d'une économie plus durable. Yves Perrier, président de l’IFD, a souligné l’urgence d’une action coordonnée : « Le contexte multipolaire actuel place les questions de souveraineté au centre des politiques nationales. Dans ce cadre, la transition écologique reste une impérieuse nécessité. ». Ainsi, dans un contexte marqué par des tensions géopolitiques et économiques, la transition écologique a été présentée comme un levier essentiel pour renforcer la souveraineté et créer de la valeur économique. Mais derrière les discours engagés, les difficultés structurelles et les contradictions de la finance verte demeurent.

Des outils financiers innovants mais insuffisants

Les discussions ont pointé le rôle central du secteur financier dans l’allocation de capitaux pour soutenir les projets de décarbonation. Prêts verts, green bonds ou encore crédits biodiversité figurent parmi les solutions proposées pour financer la transformation des secteurs clés comme le bâtiment, l’agriculture et l’industrie. Toutefois, plusieurs intervenants ont insisté sur les défis persistants. Philippe Setbon, directeur général de Natixis IM a rappelé que « réglementation et compétitivité ne doivent pas s’opposer », pointant la nécessité d’un cadre cohérent pour mobiliser efficacement les investisseurs. De son côté, Thomas Labergère (ING France) appelle à une répartition équitable des coûts entre États, entreprises et citoyens pour garantir une transition juste. Ces propos soulignent une tension entre ambition environnementale et réalité économique.

Un défi global à relever lors de la COP30

Enfin, les discussions ont souligné que le financement de la transition écologique dépasse les frontières nationales. La prochaine COP30, prévue en novembre 2025 au Brésil, sera l’occasion d’évaluer les engagements climatiques mondiaux pour 2026-2030. Les mécanismes publics-privés devront être renforcés pour répondre aux besoins croissants des pays émergents tout en réduisant les risques financiers.

Des entreprises comme ENGIE ou le Groupe Caisse des Dépôts ont déjà annoncé des investissements massifs dans les énergies renouvelables et les infrastructures durables. Cependant, Sylvie Goulard (IAPB) insiste sur l’urgence d’un cadre réglementaire adapté pour encourager le développement de marchés innovants comme ceux des crédits biodiversité.

La performance extra-financière : un enjeu clé

Un autre point crucial abordé lors des Rencontres concerne l’évaluation extra-financière des entreprises. Si l’idée d’intégrer les performances environnementales et sociales au même niveau que les performances financières fait consensus, sa mise en œuvre reste problématique. Carole Sirou (Ethifinance) a plaidé pour un cadre de notation uniforme afin d’améliorer la crédibilité des évaluations.

Mais ces outils d’analyse restent largement théoriques et leur adoption à grande échelle est freinée par un manque d’harmonisation internationale dans les méthodologies d’évaluation. Cette fragmentation pourrait freiner les investissements nécessaires à une transition rapide.

Des ambitions louables, une exécution incertaine

Les Rencontres de l’IFD illustrent une volonté croissante d’intégrer la finance dans la transition écologique. Cependant, derrière les annonces ambitieuses se pose la question de leur mise en œuvre concrète. Si le secteur financier joue un rôle clé dans cette transformation, il devra surmonter des défis structurels majeurs pour garantir que ces engagements se traduisent par des résultats tangibles. La transition écologique ne peut se contenter d’être un levier stratégique ou un argument marketing : elle doit devenir une réalité mesurable et inclusive. À défaut, elle risque de rester une ambition noble, mais inachevée.

Samorya Wilson

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