Facture électronique : les experts-comptables doivent se positionner dès aujourd’hui !

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Une tribune d'Arthur Waller, CEO et Co-Fondateur de Pennylane.

Alors que la facture électronique sera progressivement obligatoire pour toutes les entreprises entre 2024 et 2026, pour les experts-comptables cette mesure va être synonyme de bouleversement technologique, comme l’a rappelé à juste titre Virginie Roitman, Présidente de l'Ordre des experts-comptables de Paris Ile-de-France. Il est impératif pour eux de s’emparer du sujet dès à présent afin de s’adapter au plus tôt à ce changement d’ADN de leur profession et faire évoluer leurs services. Se réinventer, pallier à la suppression de missions classiques telles que la saisie comptable, c’est un véritable enjeu qui peut toutefois amener à de belles opportunités de développement. En tant que premiers conseillers des chefs d'entreprise, il est également indispensable pour les experts-comptables de prescrire dès maintenant à leurs clients les solutions les plus avantageuses de cette transformation numérique et ce même s'ils accompagnent majoritairement ou exclusivement des TPE-PME.

Une mesure innovante mais qui soulève de nombreuses inquiétudes auprès des professionnels du chiffre

La généralisation de la facture électronique pour les entreprises va entraîner avec elle une transformation de la profession d'expert-comptable. Pour ces professionnels du chiffre, cette évolution comporte différents avantages. Elle va constituer un formidable moyen matériel pour répondre aux attentes de leurs clients et une opportunité de déployer de nouveaux services et compétences pour accompagner la performance des entreprises clientes. Le discours majoritaire est malgré tout celui de l’inquiétude : la saisie des factures fournisseurs représente en moyenne 30 % du temps de travail d’un collaborateur ou d’une collaboratrice comptable. Les experts-comptables peuvent se demander à raison : comment éviter une chute des honoraires du cabinet du même ordre ? A quoi employer tout ce temps libéré à mes collaborateurs et collaboratrices ? Ces interrogations proviennent du manque de deux informations importantes. Grâce à la facture électronique et à la transmission en temps réel des données, les cabinets d’expertise comptable vont enfin être en mesure de fournir à leurs clients ce que ces derniers demandent depuis des années : un conseil proactif. Désormais, les collaborateurs comptables auront accès à l’information financière en même temps que les entreprises concernées. Plus de temps passé à attendre, rassembler et traiter les pièces justificatives : leur analyse pourra se faire au jour le jour et de façon plus poussée. Ensuite, autre information qui ne doit pas être prise à la légère, la facture électronique suppose l’arrivée d’un tiers dans la relation entre une entreprise et son cabinet : le prestataire PDP, chargé de transmettre les factures à l’administration fiscale, et dont va aussi dépendre le cabinet.

L’occasion pour l’expert-comptable de renforcer sa position de tiers de confiance

Ainsi, chaque entreprise française va devoir choisir son prestataire PDP : l’entreprise qui va fournir ses factures à l’administration fiscale et également à son expert-comptable. A partir de ce constat, deux risques sont identifiés pour les experts-comptables. Le premier : celui de faire face à une multitude de prestataires différents et, par conséquent, de points de contact et de processus. C’est ce qui risque d’arriver si l’expert-comptable ne se montre pas prescripteur d’une solution auprès de l’ensemble de ses clients. Le second : celui de devoir composer avec un prestataire qui ne comprend pas (ou ne s’intéresse pas...) les enjeux des experts-comptables et des entreprises. Autrement dit, un prestataire qui ne travaille que pour une seule des parties prenantes : l’Etat. Nous ne savons pas quelles informations la PPF (la PDP de l’Etat) va réclamer aux éditeurs de facture. Ce qui intéresse l’Etat, c’est la TVA donc on peut être sûr de retrouver cette information dans les flux mais ne disposer que de cette information (et à ce jour, l’Etat n’oblige pas à en fournir d’autres) constitue une opportunité manquée, tant pour les entreprises que pour les experts-comptables. Par exemple, dans le cas d’un commerçant, pour analyser sa compétitivité l’expert-comptable a besoin de connaître non seulement la TVA mais aussi la nature du produit concerné et sa quantité. Sans ces trois informations, il ne peut pas effectuer d’analyse sectorielle.

La technologie OCR n’est aujourd’hui pas assez au point pour permettre d’extraire ces trois informations de façon fiable, seule la TVA est donc saisie en comptabilité. Avec le format Factur-X, il sera possible d’extraire toute cette donnée de manière parfaitement fiable et donc d’effectuer cette analyse sectorielle. Il serait dommage de s’en priver parce que le prestataire PDP ne les communique pas !

Les experts-comptables ont donc tout intérêt à se montrer prescripteurs dans le choix du prestataire PDP de leurs clients et cela implique de se pencher sur la question dès maintenant. Il est indispensable d’étudier les différents prestataires existants, d’en choisir un qui soit agile, qui saura stocker et exploiter cet afflux de données, et d’en comprendre le fonctionnement afin de pouvoir accompagner les clients dans sa prise en main. Si la profession ne s’empare pas du sujet, il y a fort à parier que d’autres acteurs tels que les banques le feront et ils n’attendront pas 2026 ! Pour les experts-comptables, il faut aussi y voir une opportunité de renforcer leur position de tiers de confiance auprès des TPE-PME, en accompagnant ces dernières dans leurs démarches et leur politique de changement en vue d'une transformation numérique qui favorise leur développement et leur compétitivité.

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