Selon l’enquête d’EY, cabinet d'audit financier et de conseil, intitulée « European Financial Services AI Survey », si 90% des entreprises européennes de services financiers interrogées ont intégré l'IA dans leurs opérations, la plupart en sont encore aux premières étapes.
La majorité des entreprises européennes de services financiers augmentent leurs investissements dans les technologies d'Intelligence Artificielle (IA) et d'IA générative (GenAI) pour améliorer la productivité et l'efficacité de leur process, notamment pour étudier les dossiers d’octroi de crédit. La deuxième enquête « European Financial Services AI Survey », d’EY, publiée en décembre dernier, révèle que l'investissement dans l'IA générative reste une priorité pour les entreprises financières européennes, avec 72% des dirigeants prévoyant d'augmenter les dépenses au cours des six à douze prochains mois.
Cependant, seulement 31% des entreprises estiment être sur la bonne voie avec l'intégration de l'IA et il reste encore 8% qui n'ont pas du tout intégré l'IA.
De plus, le sondage souligne que les opérateurs de services financiers se situent pour le moment, aux prémices de l’intégration de l’IA. Ainsi, ces entreprises rencontrent des difficultés en matière de formation des équipes à l’IA et sont préoccupées par les règlementations à venir.
Un manque de programmes de formation à l'IA générative
Selon le sondage d’EY, seules 25% des entreprises ont mis en place des programmes de formation à l'IA générative, alors même que 78% des dirigeants pensent que leur personnel n'a pas les compétences nécessaires pour mettre en œuvre des applications liées à cette nouvelle technologie.
La majorité (66%) des dirigeants de plus de 100 entreprises de services financiers en Europe, interrogés, pensent que, d'ici à l'année prochaine, jusqu'à 25% des emplois actuels pourraient être impactés par l'IA. Malgré cela, 43% en sont encore aux débuts de la planification, et 29% n'ont aucun programme en place, dont 12% n'ont aucun plan pour en développer un.
Les auteurs de l’enquête estiment que les postes débutants devraient être particulièrement impactés. Mais, si 59% des dirigeants pensent que les technologies de l'IA auront un impact significatif, voire transformateur, sur les rôles et les tâches des nouveaux arrivants, 35% d’entre eux n'ont pris aucune mesure pour compenser les impacts potentiels de l'IA lors du recrutement des juniors.
L’étude relève également que la Data Science et l'innovation sont actuellement les domaines ayant la plus forte demande de talents en IA (54% des répondants). Les opérations de back-office arrivent en deuxième position (46% des répondants, contre 14% en 2023), suivies par les technologies de l'information (40% en 2024, contre 24% en 2023).
Un risque réglementaire important
Les dirigeants interrogés restent davantage préoccupés par l'incertitude liée aux impacts réglementaires de l’IA (38% en 2024, contre 29% en 2023). Cependant, seuls 11% d’entre eux considèrent que leur entreprise est prête pour les réglementations à venir, et 70% indiquent que leur organisation reste partiellement ou peu préparée. 15% des services financiers n'ont pas de cadre de gestion des risques réglementaires pour l'IA.
Rappelons que Le règlement européen sur l’intelligence artificielle (IA Act) est entré en vigueur le 1ᵉʳ août 2024. Il vise à favoriser un développement et un déploiement responsables de l’intelligence artificielle dans l’UE et introduit un cadre uniforme dans tous les pays de l’UE, axé sur une définition prospective de l’IA et une approche fondée sur les risques.
L’IA Act de l’Union européenne établit, pour les développeurs et les utilisateurs, des exigences et des obligations claires concernant les usages spécifiques de l’IA. Le règlement cherche aussi à réduire les charges administratives et financières pesant sur les entreprises.
Les dispositions relatives à l’IA à usage général entreront en application dans 12 mois. La Commission européenne entend finaliser le code de bonnes pratiques d’ici avril 2025.
En définitive, « l'IA générative se développe plus rapidement que de nombreuses autres innovations technologiques récentes et exige de nouvelles compétences progressives. Les entreprises qui intensifient leurs préparations réglementaires, qui construisent un cadre de gestion des risques et de contrôle approprié, et qui déploient des programmes de formation et de montée en compétences à l'ensemble de leurs salariés – et pas uniquement aux quelques experts – se démarqueront de la concurrence », alerte Omar Ali, EY Global Financial Services Leader.
Samorya Wilson