Pour rattraper le retard de la France en matière de numérique, Pascale Gruny, sénatrice Les Républicains de l'Aisne, vient de publier son rapport qui formule 14 recommandations pour aider les PME et TPE à faire face aux défis du numérique.
Pascale Gruny, sénatrice Les Républicains de l'Aisne, a présenté mardi 9 juillet 2019 les conclusions des travaux de la délégation sénatoriale aux entreprises, présidée par Élisabeth Lamure, sénatrice Les Républicains du Rhône, concernant l'accompagnement de la transition numérique des PME.
Le rapport dresse le constat d'un retard de la France en Europe dans la transformation numérique des PME. En effet, la France figure seulement au 15ème rang de l'indice DESI (indice relatif à l'économie et à la société numériques) pour 2019, classement établi par la Commission européenne de 2019.
La composante « intégration de la technologie numérique » de cet indice confirme le retard des entreprises françaises par rapport aux pays nordiques qui sont en tête de ce classement. Ce constat est paradoxal car le consommateur français devrait faire réaliser 100 milliards d’euros de chiffre d’affaires au commerce en ligne en 2019. Il existe donc en France un décalage entre l’utilisation du numérique dans la sphère privée et au sein de l’entreprise.
Par ailleurs, le retard des PME est net notamment en matière d’expérience client et de dématérialisation des processus d’entreprise. Un tiers des dirigeants n’est pas à l’aise avec les outils numériques.
Pour relever le défi du numérique et mieux accompagner les PME, le rapport Gruny propose de favoriser une culture du numérique chez les français en systématisant l'évaluation PIX (certification des compétences numériques) pour tous (enseignants et élèves), en créant un baccalauréat professionnel « services numériques » et en proposant une information relative à la cybersécurité dans toutes les maisons de service public.
Par ailleurs, les dirigeants de PME doivent être assurés et convaincus par la mise en avant de réussites concrètes. Aussi, le rapport recommande d'instaurer un volontariat numérique en PME (VNPME) sur le modèle du volontariat à l’international ou territorial en entreprise. De même, il propose de créer un crédit d'impôt à la formation et à l’équipement au numérique pour les artisans et petits commerçants pour encourager les initiatives.
Si les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft) offrent une visibilité inégalée, ils créent d'un autre côté une situation de dépendance et commercialisent les données des entreprises qu’ils hébergent, équipent ou dont ils gèrent les données. Pour rééquilibrer le rapport de force, Pascale Gruny préconise une procédure de règlement des litiges, simple, rapide et accessible aux PME en cas de déréférencement par des plateformes.
Elisabeth Lamure indique que l'expert-comptable, partenaire privilégié des entreprises, permet de favoriser la transformation numérique des entreprises. Le rapport observe également que l’État a multiplié les rapports et produit un mille-feuille d’acteurs susceptibles d’intervenir pour la définition et la mise en œuvre d’une politique publique de numérisation des entreprises : Agence du numérique, Mission Société Numérique, Conseil national du numérique, Conseil national de l’industrie numérique, French Tech ou encore, Association française pour le nommage d’internet en coopération, CCI, experts-comptables…
Les rassembler au cours d’une journée de débats pourrait permettre de créer les synergies et la transversalité nécessaires au développement d’une politique publique cohérente de la transition numérique pour les entreprises.
En ce qui concerne les aides financières aux PME pour encourager leur transition numérique, un dispositif de suramortissement pour les investissements de robotisation et de transformation numérique a été créé mais il n’est applicable que jusqu’au 31 décembre 2020. Le rapport propose de pérenniser ce dispositif.
En outre, les aides publiques aux entreprises représentent un véritable maquis, qui impose au dirigeant un temps considérable pour « frapper à la bonne porte ». De même, les aides à la transition numérique ne sont pas proposées dans toutes les régions et leurs modalités varient en fonction des régions, ce qui peut contribuer à créer des distorsions de concurrence.
Par conséquent, le rapport propose d'instituer un chéquier numérique valable sur tout le territoire, unifiant les critères d’attribution des aides régionales à la transition numérique.
Enfin, pour les PME-TPE en transition numérique, l'auteur du rapport estime nécessaire que l'investissement immatériel soit pris en compte d'un point de vue comptable en permettant d’inscrire à l’actif du bilan l’ensemble des investissements matériels ou immatériels concernés, y compris les prestations de conseil et de formation.
Arnaud Dumourier (@adumourier)
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