En Nouvelle Aquitaine, un groupe de travail visant à former les professionnels du chiffre et du droit à détecter les défaillances d’entreprises, a été mis en place par la Présidente de la CRCC de Grande Aquitaine Gwladys Tohier, l'administratrice judiciaire Alexandra Blanch et le député Romain Grau. Gwladys Tohier répond à nos questions sur ce dispositif.
Vous avez mis en place en Nouvelle Aquitaine un groupe de travail pour former les professionnels du chiffre et du droit à détecter les défaillances d’entreprises. Quelle est la genèse de ce projet ?
Quelques mois après mon élection à la tête de la Compagnie régionale des commissaires aux comptes de Grande Aquitaine, j’ai été contactée par Alexandra Blanch, administratrice judiciaire. Elle m’a fait part de ses inquiétudes sur les situations que pourraient vivre les chefs d’entreprise touchés dans leur activité par la crise sanitaire.
Nous avons fait un constat simple : pour prévenir les défaillances d’entreprises, il est indispensable que tous les prestataires accompagnant les dirigeants, qu’ils soient du monde du droit ou du chiffre, soient eux-mêmes sensibilisés aux signaux d’alerte et aux procédures amiables. Les chefs d’entreprise arrivent souvent trop tard dans les études des administrateurs judiciaires, or si le dossier est pris à temps, dans 80 % des cas l’issue est positive pour l’entreprise. Nous, professionnels du droit et du chiffre, avons une responsabilité collective d’agir de manière préventive.
Face à ce constat, Alexandra m’a proposé de former mes confrères. Nous avons décidé de travailler en équipe en alliant nos compétences pour former tous les acteurs au niveau du territoire de la Nouvelle Aquitaine et de la Grande Aquitaine pour notre CRCC. Notre objectif : que ces derniers soient en mesure d’identifier les situations complexes le plus en amont possible et éviter, autant que possible, la procédure collective en privilégiant les procédures de prévention des difficultés. Au moment où nous mettions en œuvre ce projet, le député Romain Grau rendait son rapport sur la prévention des difficultés d’entreprises avec un diagnostic similaire. Nous aimerions désormais faire connaître nationalement notre démarche et faire bénéficier d’autres territoires de cette formation.
Comment fonctionnent concrètement le projet et la formation proposée ?
La formation repose sur cinq modules de deux heures en webinaire pour maximiser au mieux le temps de formation et celui de mes confrères.
Nous expliquons notamment lors de la formation que l’alerte peut être un électrochoc pour le chef d’entreprise pour demander de l’aide. La procédure d’alerte, une fois déclenchée, peut être stoppée par une procédure de conciliation, qui est une procédure amiable et confidentielle visant à aider le chef d’entreprise et à mener des négociations avec ses créanciers. Le but de la formation est d’expliquer à nos confrères comment utiliser la conciliation pour qu’ils puissent la mettre à disposition du chef d’entreprise.
Quels sont les premiers bilans de la formation et vos projets de développement sur ce dispositif ?
Les retours des confrères sont extrêmement positifs. Notre objectif aujourd’hui est de dupliquer le modèle au niveau des autres régions. Nous avons déjà des sollicitations sur d’autres territoires.