La société BlackLine a récemment publié une étude sur les attentes et pratiques des investisseurs institutionnels. Ce document expose les critères – dont celui de la tenue comptable – qui poussent ces derniers à investir ou non dans une entreprise. Lucie Bordelais, Vice-Présidente régionale chez BlackLine, commente les résultats de cette enquête.
Quels sont les critères qui conduisent les investisseurs à soutenir ou non une entreprise ?
L’étude que nous avons menée avec Censuswide indique que les choix des investisseurs sont guidés par plusieurs facteurs. Sans réelle surprise, les prévisions de croissance financière de l’entreprise arrivent en premier lieu, jugées importantes par la moitié des investisseurs interrogés (48 %). Ensuite, viennent les tendances du marché nationale ou internationale avec 43 %.
On remarque également qu’une entreprise peut paraître attrayante aux yeux des investisseurs institutionnels même si les prévisions pour son secteur d’activité ne le sont pas forcément : un tiers (32 %) des investisseurs sondés seulement citent ce dernier critère comme étant essentiel.
Au contraire, les investisseurs institutionnels sont susceptibles de ne pas investir si l’entreprise concernée a par exemple dû effectuer des ajustements après reporting (36 %), si elle présente un risque de fraude financière (31 %) ou encore, si les rôles et responsabilités de l’équipe dirigeante ne sont pas clairs (29 %).
Dans quelle mesure la tenue comptable des entreprises – et notamment l’existence d’une « comptabilité créative » – influence-t-elle le choix des investisseurs ?
Tout d’abord, précisons que les investisseurs institutionnels ne sont pas dupes des pratiques des entreprises : ils reconnaissent à l’unanimité que celles-ci ont recours à des pratiques dites « créatives », soit le fait de manipuler les chiffres – dans la mesure du possible en respectant les règles et législations en vigueur – pour répondre à leurs attentes ou se rendre plus désirables. 88 % d’entre eux pensent qu’elles y ont souvent recours et 12 % parfois.
Ensuite, notre étude révèle que ce critère semble en effet les refroidir. En plus des erreurs et des risques de fraude, il existe une méfiance de la part des investisseurs institutionnels vis-à-vis de ces pratiques. Ceux-ci n’aiment pas qu’une entreprise ne soit pas prévisible. Ils se méfient de l'imprévisibilité, de l'incertitude et du manque de clarté. La clarté, la transparence et la précision sont de véritables injonctions qui s'imposent aux entreprises pour séduire les investisseurs.
Les solutions d’intelligence artificielle appliquées à la finance et la comptabilité se développent. Quel regard portent les investisseurs sur ces nouvelles technologies et leur utilisation dans les entreprises ?
De façon un peu surprenante, les investisseurs institutionnels sondés en France semblent moins convaincus par les sirènes de l'intelligence artificielle appliquée à la finance et à la comptabilité que leurs homologues étrangers. Les Français font en effet preuve de davantage de pragmatisme à ce sujet : même si le potentiel à venir de l’IA est reconnu par une majorité d’entre eux, près de la moitié ne la jugent pour le moment pas suffisamment évoluée pour répondre aux enjeux de la finance.
Il y a un certain appétit de la part du marché concernant l’IA – et les nouvelles technologies en général – car les possibilités qu’elle laisse entrevoir sont immenses. Mais pour l’optimiser, il s’agit d’abord de résoudre la question de l’alimentation du modèle plutôt que la question du modèle en lui-même.
Propos recueillis par Hugues Robert (@HuguesRob)