Rencontre avec Wahib Dahmani, le nouveau Président de l’ANECS (association nationale des experts-comptables et commissaires aux comptes stagiaires) Île-de-France. Il présente les grands axes de son action à venir et livre son point de vue privilégié sur la question, sensible dans le monde du chiffre, des jeunes comptables et auditeurs.
Quel est votre sentiment sur votre nomination à la Présidence de l'ANECS Île-de-France ?
C’est un honneur, une immense joie, une fierté de pouvoir représenter les stagiaires experts-comptables et commissaires aux comptes de la région Île-de-France. Mon bureau et moi-même sommes au travail. Notre principal objectif : que l’ANECS IDF soit une référence pour les stagiaires EC et CAC. L’idée phare de notre projet est que chaque nouveau stagiaire se dise instinctivement : « je vais débuter mon stage, il me faut donc m’inscrire à l’ANECS. » Il nous paraît essentiel que chacun d’entre eux prenne véritablement conscience des avantages qu’il pourrait retirer du fait d’intégrer notre association.
Pouvez-vous nous décrire votre parcours ?
Je suis un produit de l’université de Corse et d’Aix-en-Provence avec un court passage dans une école parisienne, l’INES Expertise.
En 2012, j’ai obtenu un DUT GEA à l’IUT de Corte. Ce fut une expérience inoubliable. J’y ai reçu un enseignement de grande qualité. D’ailleurs, je profite de cette occasion pour recommander vivement cet institut. J’en garde un excellent souvenir. D’autant plus que mes principales relations amicales ont été tissées durant cette période.
J’ai ensuite quitté ma terre natale pour poursuivre mes études sur le continent. À Aix-en-Provence d’abord, une ville étudiante où il fait bon étudier mais aussi bon vivre. J’ai passé ici une licence Management financier et comptable, puis un Master 1 Comptabilité, fiscalité, finances et patrimoine, suivi d’un Master 2 Comptabilité contrôle audit.
Diplômé en juin 2015, j’ai souhaité commencer le stage d’expertise comptable mais auparavant, je voulais absolument obtenir le DSCG. Après une « prépa intensive » à l’INES, les résultats sont tombés en décembre 2017 : DSCG validé ! J’ai immédiatement commencé mon stage chez Diagnostic & Investissement. Ce cabinet 2.0 offre l’avantage de pouvoir exercer les deux métiers, expertise comptable et commissariat aux comptes.
Quels seront les grands axes de votre action en tant que Président de l'ANECS Île-de-France ?
Nous accompagnerons nos stagiaires en leur proposant des formations de qualité et en les tenant informés de tous les sujets d’actualité qui préoccupent la profession.
Notre projet 2019 s’inscrit dans la continuité des actions passées. La forte participation à nos trois événements de début d’année – Présentation PowerPoint, AG 2019 et 10 conseils pour bien réussir son rapport semestriel – qui ont chacun accueilli plus de 40 participants est un signe fort et une récompense pour notre association.
Notre rôle est et restera de représenter, informer et accompagner nos adhérents jusqu’à l’obtention de leur diplôme : DSCG, DEC ou CAFCAC. Plusieurs événements s’inscrivent dans ce souhait d’informer les stagiaires sur les principaux thèmes d’actualité qui impactent la profession, notamment ces conférences :
- La transformation digitale des petites entreprises : événement animé par Philippe Arraou le 6 février ;
- Le stage à l’étranger : témoignages de stagiaires, qui se déroulera le 21 février ;
- La loi PACTE : opportunités pour les experts-comptables et nouvelles missions pour les commissaires aux comptes ;
- Le commissaire aux comptes : un professionnel commercial comme les autres ;
- L’entrepreneuriat et le leadership ;
- L’interprofessionnalité : en pratique, ça se passe comment ?
La question des jeunes comptables et auditeurs est stratégique pour la profession : leur formation, leur recrutement, leur fidélisation au sein des cabinets… Quel regard portez-vous sur ces thématiques ? Quel message souhaitez-vous transmettre ?
Les jeunes comptables et auditeurs, qui sont voués à devenir experts-comptables et commissaires aux comptes, peuvent s’assurer un très bel avenir. A condition d’accepter le changement qui permettra de répondre aux nouvelles exigences du marché.
Je vous l’accorde, la profession comptable, au sens large, est confrontée à une véritable mutation de son environnement. Certains changements paraissent plus favorables que d’autres, certes. Mais pourquoi ne devrait-on retenir que l’aspect négatif de ces transformations ? Bien au contraire, elles sont également sources de nombreuses opportunités ! Certains vous diront que je suis un éternel optimiste mais je pense sincèrement que nous arrivons au bon moment : un marché en croissance, des solutions numériques de plus en plus performantes, une clientèle de plus en plus sensible aux conseils délivrés par l’expert-comptable, des missions de commissariat aux comptes à conquérir.
Même si, au premier abord, la tâche peut paraître compliquée, n’oublions pas que les compétences des experts-comptables et commissaires aux comptes sont vastes et que la profession est pleine de ressources. Tels sont les nouveaux défis qui nous attendent. Pour les relever, il sera nécessaire que les stagiaires développent de nouvelles compétences : techniques, commerciales, comportementales. Si les associés sont les précurseurs du cap que doit prendre le cabinet pour opérer le changement, les jeunes comptables et auditeurs en sont les forces vives.
Concernant la formation, les cursus dits traditionnels – DCG et DSCG – devront peut-être prendre en considération cet environnement et insérer des matières comme la vente et le digital.
S’agissant du recrutement, nous constatons qu’en règle générale, les collaborateurs sont moins fidèles qu’auparavant. Pourquoi ? Comment les retenir ? Très honnêtement, je ne dispose d’aucune solution miracle. Peut-être faudrait-il communiquer davantage et leur montrer que leur présence est indispensable. La rémunération est certes essentielle mais la reconnaissance verbale a également une grande importance. Je pense aussi que les cabinets devraient rémunérer différemment leurs collaborateurs, les challenger en intégrant une part variable dans leur salaire. Tout le monde y gagnerait : le cabinet, le collaborateur et le client.
En toute objectivité, je pense que nous exerçons deux métiers fabuleux. La jeunesse doit se saisir de ces nouvelles opportunités pour rendre leur quotidien encore plus passionnant qu’il ne l’est déjà.
Propos recueillis par Hugues Robert