Mettre en œuvre une politique, c’est faire des choix et arbitrer entre plusieurs priorités. En quoi l’organisation du Conseil régional répond-elle à une volonté politique ? Quelles stratégies pour l’institution ? Quels projets et quelles priorités pour les deux ans à venir ? Laurent Benoudiz, nouvellement élu le 15 décembre 2016 à la présidence de l’institution francilienne, répond aux questions du Francilien.
Le nouveau Conseil régional compte 3 nouvelles commissions, 8 nouveaux comités, un nouveau Club et 3 groupes de travail… Pourquoi une telle organisation ?
L’organisation de notre Conseil traduit les engagements pris lors de la campagne. Il faut de la cohérence et de la constance : dire ce qu’on va faire et faire ce qu’on a dit. Nous avions identifié 4 priorités pour l’Ile-de-France que nous sommes en train de déployer.
La première est la poursuite de la rationalisation des coûts par la décision prise par le conseil le 3 février de lancer les travaux d’agrandissement et de rénovation qui font l’objet du dossier spécial de ce numéro.
La deuxième concerne l’attractivité de notre profession et le recrutement. Le nouveau site d’emploi de l’Ordre (www.hubemploi.fr) a été entièrement refondu par la mandature sortante et lancé avec succès début janvier 2017 (1000 offres et 900 CV publiés en quelques semaines). Il reste à mettre en place le site régional présentant les cabinets d’Ile-de-France souhaitant recruter des profils de haut niveau (Master CCA, Ecole de Commerce, DSCG) et c’est l’objet d’un des trois groupes de travail animés par Cécile de Saint-Michel, avec le soutien d'Antoine Dalakupeyan.
La troisième concerne la simplification administrative. Il fallait créer une commission ad hoc pouvant prendre en charge les difficultés que rencontrent nos consoeurs et confrères en vue de les traiter. Sébastien Rougagnou et Philippe Messika, avec le soutien de Michel Bohdanowicz, ont déjà commencé leur mission : prise de contact avec les organismes, élaboration d’un processus de traitement, etc.
Enfin, la quatrième priorité, c’est celle de la formation. Nous souhaitons identifier les actions qui permettront à chaque cabinet de former efficacement ses collaborateurs à des missions d’accompagnement afin de s’extraire progressivement de la seule production comptable. Des formations de plusieurs jours seront rapidement proposées à l’initiative de Sabrina Cohen, en charge de la formation.
Les comités créés et les groupes de travail vont pourtant plus loin que ces seuls axes de la mandature ?
En effet, nous avons d’abord souhaité un Conseil régional ouvert à tous. Pour cela, nous avons donc créé une commission « services aux entreprises » qui regroupe 7 comités présidés, à deux exceptions près, par des non élus que nous avons sélectionnés pour leur expertise dans ces domaines (création, transmission, prévention...). La présence de l’Ordre aux manifestations payées par les cotisations de tous ne peut être préemptée par quelques-uns.
La même démarche consistant à aller chercher des compétences au-delà du seul vivier des élus a été entreprise par Hervé Gbego qui anime la commission Innovation et Performance des cabinets.
Enfin, il me semblait indispensable de créer un Club Patrimoine à l’instar du Club fiscal et du Club social. La matière patrimoniale recèle d’importants gisements d’honoraires pour notre profession. Elle suscite une forte attente chez nos clients et ce, quelle que soit leur taille et me semble pouvoir faire partie des missions possibles pour nombre d’entre nous.
Vous avez également créé une commission coordination des départements et supprimé les Délégués Départementaux. Quelle en est la raison ?
Les délégués départementaux ont réalisé par le passé un important travail de représentation de l’Ordre dans les départements. Pendant mes quatre années de présidence syndicale chez ECF, j’ai découvert les associations d’expertise comptable qui organisent, dans leur département respectif, des échanges et des formations au plus près des cabinets. Fort de ce constat, il m’a semblé que nous pouvions être encore plus efficaces en travaillant en totale synergie. J’ai donc proposé aux AEC de remplir le rôle assuré par le passé par les délégués départementaux, de les accompagner dans l’organisation de manifestations départementales. J’ai pris l’engagement de réaliser autant de formation qu’il serait possible dans les départements, au plus proche de nos consoeurs et confrères. Le Club Patrimoine sera ainsi mis à contribution très rapidement. Pour assurer la coordination des AEC et afin de respecter les différentes sensibilités syndicales, Nicolas Yakoubowitch et Olivier Cerf m’accompagnent dans ce projet.
Vous avez également créé deux autres groupes de travail : l’un sur le développement d’une plate-forme de partage de missions et l’autre pour numériser les services du Conseil régional. Concrètement, comment faire et avec quel budget ?
L’Ordre propose de nombreux services qui fonctionnent encore aujourd’hui de manière un peu artisanale en s’appuyant surtout sur la connaissance des sujets par les permanents et leur dévouement à l’institution. Il faut numériser tout cela, y compris les missions régaliennes de l’Ordre, animées par Vital Saint-Marc. De la même manière, le CEJC a déjà développé une plate-forme d’échange de missions : avec le soutien de l'Ordre, il doit être possible de faire encore mieux et plus efficace.
En ce qui concerne le budget et le financement de ces projets, il va falloir faire des choix… Et choisir c’est renoncer… L’Ordre de Paris Ile-de-France, à l’initiative d’Allo impôt, en charge de sa réalisation grâce aux consoeurs et confrères franciliens, doit-il assumer la communication de cet évènement dans les médias ?
Ce budget n’est-il pas plutôt du ressort du Conseil supérieur, maintenant que l’opération est devenue nationale ? Doit-on accentuer l’effort déjà considérable sur le plan financier réalisé dans la lutte contre l’exercice illégal à l’heure de la révolution numérique ou ne vaut-il pas mieux investir dans l’adaptation et l’évolution de nos cabinets ? Il en est de même pour le salon Vivatech, le Salon des Entrepreneurs, etc. Avec Christine Lanty, en charge du secteur Administration & Finances, nous avons donc examiné chaque poste et retravaillé le budget 2017 afin qu’il reflète mieux nos objectifs. En somme, je pense qu’il est temps de faire une pause dans la communication de l’Ordre de Paris Ile-de-France à destination des entreprises et de nous recentrer sur les attentes et les besoins de nos cabinets. La modernisation des services de notre institution et le développement d'outils directement utiles par tous doit être notre priorité.
Autant de projets pour un mandat exceptionnellement raccourci à deux ans, est-ce réalisable ?
Mon objectif est de lancer l’ensemble des projets sans attendre pour aboutir sur la plupart d’entre eux avant le terme de cette mandature. Les travaux doivent se terminer le 30 juin 2018. Pour le reste, j’ai la chance d’être accompagné d’une équipe incroyablement motivée, impliquée et engagée disposant de l’expérience et des compétences requises pour conduire ces projets. Et ce qui ne sera pas entièrement terminé le sera, je l’espère, au cours de la mandature suivante !
A propos
Cet article provient du numéro 95 du Francilien, la revue des experts-comptables région Paris Ile-de-France.