Depuis le 1er janvier 2018, toutes les entreprises doivent mettre en place le nouveau modèle de bulletin de paie. Si la nouvelle mouture est sans doute plus lisible pour les salariés, le travail de l’expert-comptable et du gestionnaire de paie reste tout aussi voire plus complexe qu’auparavant, comme en témoigne Céline Dumont Bauer, présidente du groupe de travail Ressources humaines du réseau Absoluce.
La refonte du bulletin de paie, en vigueur dans toutes les entreprises depuis le 1er janvier 2018, ne simplifie en rien le calcul des cotisations. Son objectif unique est de permettre une lecture clarifiée des cotisations par les salariés.
Nouveau bulletin de paie : quels sont les changements concrets ?
Si jusqu'à la mi-2017, aucune indication précise n'avait été fournie par le gouvernement pour la nouvelle présentation des fiches de paie, un décret en date du 9 mai 2017 est venu préciser les règles en la matière.
Ainsi, les cotisations doivent être regroupées par famille de risque couvert :
• assurance santé ;
• assurance accident du travail / maladie professionnelle ;
• assurance retraite ;
• allocations familiales ;
• assurance chômage.
Les autres contributions à la charge exclusive de l'employeur figurent dans une ligne « Autres contributions dues par l'employeur » (pénibilité, formation...). Les taux de cotisations salariales doivent obligatoirement apparaître mais ceux afférents aux cotisations patronales ne font pas partie des mentions requises.
Enfin, le montant total des exonérations et exemptions de cotisations et contributions sociales doit également apparaître sur le bulletin de paie simplifié.
La simplification des fiches de paie va-t-elle réellement alléger le travail des experts-comptables ?
La nouvelle mouture des bulletins de paie poursuit un objectif avant tout pédagogique. Il s’agit de rendre ce document plus lisible pour les salariés.
Mais comme le souligne Céline Dumont Bauer, présidente du groupe de travail Ressources humaines du réseau Absoluce : « le nouveau bulletin de paie est simplifié dans sa présentation mais rien n’est modifié quant à sa complexité intrinsèque. » Autrement dit, les informations dont il rend compte demeurent aussi riches qu’auparavant.
Avec deux conséquences. Tout d’abord, le nouveau bulletin de paie, certes plus lisible, est également moins précis pour les salariés, qui ne manqueront pas de faire remonter des interrogations auprès des chefs d’entreprises, comme par exemple : combien me coûte ma mutuelle ?
Ensuite, le travail du gestionnaire de paie est en réalité inchangé. Ainsi témoigne Céline Dumont Bauer : « il y a une sensibilisation à effectuer auprès des clients : ce n’est pas parce que des lignes ont été retirées du bulletin de salaire que le travail de l’expert-comptable est plus simple à réaliser. »
La prestation des gestionnaires de paie sera même plus complexe qu’auparavant : « aujourd’hui, travailler sur un bulletin clarifié est quasiment impossible. » Les informations qu’il comporte ne sont pas suffisantes pour exercer le contrôle requis. « Il convient alors de disposer de deux jeux de fiches : un jeu de contrôle qui s’adresse aux gestionnaires de paie dans le cadre de leur travail et un autre jeu, répondant aux obligations légales, plus lisible pour les salariés et les employeurs. »
Hugues Robert