Pour la première fois et de façon inédite, BPCE L’Observatoire étend aux TPE son analyse de la cession-transmission d’entreprises, devenue une référence pour les PME et ETI, y compris auprès des pouvoirs publics. Au vu de données jusque-là souvent approximatives et incomplètes sur les TPE, il était devenu indispensable de disposer de statistiques fiables sur ce sujet afin de reconsidérer, de façon objective et globale, les enjeux économiques et les réponses à y apporter.
Cette nouvelle édition révèle une sous-estimation du marché français de la cession-transmission d’entreprises d’au moins 25 % par rapport aux chiffres communément avancés mais statistiquement infondés de 60.000 opérations par an (ou 600.000 dans les 10 ans à venir). BPCE L’Observatoire en dénombre, de son côté, a minima* 75.000 par an.
Les cessions d’entreprises ne sont pas liées à l’âge du dirigeant
Ces approximations, largement répandues, se basent sur un critère, l’âge des dirigeants. Or, les travaux de BPCE L’Observatoire montrent à quel point ce critère peut se révéler trompeur et inadapté. En effet, le départ à la retraite des dirigeants a un impact très limité sur les cessions d’entreprises. Le constat est sans appel : 83 % des TPE et 67 % des PME et ETI sont cédées avant 60 ans et le taux de cession des TPE a même tendance à baisser à partir de 65 ans.
En revanche, la probabilité de cession d’une entreprise augmente avec la taille de l’entreprise. L’étude relève ainsi un rapport de 1 à 12 entre le taux de cession-transmission d’une entreprise unipersonnelle et celui d’une PME de 250 salariés et plus. Parallèlement, et contrairement à la cession, le taux de disparition est deux fois plus important chez les TPE que chez les PME : la mort naturelle en fin d’activité professionnelle, sans accident judiciaire, est une issue plus fréquente que la cession chez les petites TPE.
Dès lors, il apparaît primordial de distinguer les opérations relatives aux TPE de celles relatives aux PME et ETI mais aussi de hiérarchiser les priorités : les premières concernent 150 000 emplois, contre plus d’un million de postes pour les secondes.
Décalage entre les intentions de cession et les réalisations
Cette erreur de diagnostic vient probablement du décalage existant entre les cessions effectives et le noyau dur des intentions fermes de céder à court terme. Cet écart, correspondant à un rapport de 1 à 3,5, s’amplifie avec l’âge et dépasse 5 après 60 ans. En d’autres termes, ceci nous indique qu’il est illusoire de nous préparer à moyen terme à une grande vague de cessions pour des raisons démographiques, ce phénomène est d’ores et déjà en cours mais le nombre de cessions est très insuffisant pour y répondre. Ce déficit a deux conséquences : la population des dirigeants de PME vieillit de façon préoccupante et la majorité des dirigeants de TPE arrêtent leur activité sans contrepartie financière.
Les transmissions familiales ne sont pas moins efficaces pour l’économie, au contraire
Longtemps sous-estimée en France, la transmission familiale, qui représente environ 17 % des cessions de TPE comme de PME et ETI, est à la fois utile et efficace pour l’économie française. Utile, car elle présente deux vertus : celle de préserver l’industrie - dont le nombre de PME a décliné de 25 % sur la période 2003 – 2014 sans que les services aux entreprises aient partout compensé ce recul - et celle de contribuer à l’équilibre des territoires - la transmission familiale étant plus répandue dans les territoires où les alternatives de reprise mais aussi les perspectives d’implantation nouvelles sont faibles. Efficace, car le taux de survie à trois ans des PME et ETI, et ce, pour chaque catégorie de taille, est toujours supérieur dans le cas de transmissions familiales (93 % contre 77 % pour les cessions ordinaires). Les transmissions familiales à titre gratuit des TPE représentent 30 % des opérations après 60 ans (contre 14,7 % des cessions avant 60 ans). Elles jouent donc un rôle décisif en fin d’activité professionnelle lorsque le manque de cessions est plus tangible.
*le nombre de 75.000 constitue un minima compte tenu du fait que le décompte ne prend pas en considération les opérations concernant les professions libérales et les personnes physiques, difficilement identifiables