Petites capitalisations : pourquoi le monde post-Covid va porter un regard différent sur les PME

Organisation, gestion et développement
Outils
TAILLE DU TEXTE

Une tribune d'Augustin Bloch-Lainé, gérant actions en charge des fonds Amplegest MidCaps et Amplegest PME.

Malgré un parcours boursier difficile depuis plus de deux ans, les petites valeurs françaises constituent toujours une sérieuse opportunité d’investissement. La crise du Covid-19, qui a mis en lumière la nécessité de revenir à une production locale et à une consommation raisonnée et responsable, pourrait même déboucher sur un monde nouveau qui appartiendra davantage aux PME qu’aux grandes multinationales.

Depuis plus de deux ans, les petites capitalisations connaissent un parcours difficile. De manière inhabituelle, elles sous-performent nettement les plus grosses capitalisations sur une période prolongée. A la mi-juin 2020, le CAC Small Net Return a ainsi subi une chute de - 32,3 % contre seulement - 14,35 % pour le CAC 40 depuis le point haut atteint le 31 janvier 2018. A ce stade et d’un point de vue général, cette correction s’est traduite par une contraction des multiples de valorisation puisqu’au cours des deux dernières années, ces entreprises ont dans la très grande majorité des cas délivré des résultats en croissance.

Si l’année 2020 s’annonce plus difficile de ce point de vue en raison de la crise sanitaire – les sociétés capables d’améliorer leurs résultats cette année seront peu nombreuses – nous pensons que la disparition d’une crainte (celle de l’apparition d’une crise après plus de dix ans d’expansion) pourrait redonner un horizon d’investissement long aux investisseurs. Horizon soutenu par la loi PACTE qui cherche à réorienter l’épargne, en particulier de l’assurance-vie et du plan épargne retraite, vers ce compartiment mais que la crise du Covid-19 a étouffé pour l’instant.

Une approche Private Equity

Cette crise a également servi de révélateur. Dans un contexte économique et politique instable, les entreprises capables d’affronter des vents moins porteurs ont durablement construit une réputation et se sont révélées aux yeux des investisseurs. Historiquement, dans notre sélection de valeurs, nous avons toujours opté pour une méthode d’analyse très proche de celle du Private Equity. Cette approche et ce savoir-faire interne nous permettent en effet de nous orienter vers des sociétés ayant une assise financière solide, une activité bénéficiant d’une certaine récurrence et un bon niveau de rentabilité. Par conséquent, si la crise avait un impact sur ces entreprises, elle ne remettrait pas en question leur pérennité et pourrait même entraîner une revalorisation des « survivants ».

Dans bien des cas, elle pourrait également générer des opportunités. Les exemples ne manquent pas. Bilendi, fournisseur de panels pour les instituts de sondage, est un acteur 100 % online. La crise pourrait bien faire disparaître définitivement les enquêtes réalisées dans la rue, élargissant ainsi considérablement le marché adressable de Bilendi. De même, Virbac, spécialiste de la santé animale, pourrait bénéficier de la forte hausse des adoptions d’animaux de compagnie engendrée par le confinement. Nous pourrions également citer le cas de Fountaine Pajot, leader mondial du catamaran, qui pourrait être porté par une nouvelle façon de voyager, favorisant les espaces privés et isolés. Pour leur part, Ateme (solution de compression vidéo) et Xilam (producteur de contenus pour les enfants) profitent déjà de la propension des ménages à consommer de plus en plus de divertissement à leur domicile. Enfin, Pharmagest, éditeur de solutions logicielles pour le secteur de la santé, pourrait voir sa croissance s‘accélérer suite à la révélation de certaines carences technologiques dans ce secteur.

Par ailleurs, dans un monde qui souhaite simplifier ses chaînes logistiques (produire plus près, employer des ressources locales), les petites capitalisations auront bien moins à se réinventer que les grandes entreprises, car leurs empreintes géographiques sont par construction plus étroites. Lectra, qui est une magnifique entreprise spécialisée dans les systèmes de découpe automatique (un acteur typique de l’industrie 4.0), a depuis toujours fait le choix de maintenir sa production à Bordeaux quand ses principaux concurrents délocalisaient en Asie. Cette crise a permis de révéler maintenant la pertinence de cette décision prise il y a plus d’une décennie.

Si l’avenir est à une production locale, à une consommation raisonnée et responsable ainsi qu’à une plus faible interdépendance des régions du monde, alors il appartient sans doute davantage aux petites entreprises qu’aux multinationales.

Augustin Bloch-Lainé, gérant actions en charge des fonds Amplegest MidCaps et Amplegest PME