Selon la septième édition du Baromètre CNCFA EPSILON de la Transmission de PME en France, la cession transmission de PME en baisse de 8 % en 2016 et 20 % depuis 2012.
Loi Hamon, manque de sensibilisation, problème de surévaluation du bien… Le baromètre de la transmission de PME en France, édité chaque année par la Compagnie Nationale des Conseils en Fusions Acquisitions (CNCFA) en partenariat avec le cabinet d’études EPSILON RESEARCH, aborde de manière transversale les enjeux du marché de la cession-transmission des PME.
La cession transmission de PME en baisse de 8 % en 2016 et 20 % depuis 2012
La diminution du nombre de transactions en volume se poursuit ce4e année à - 8% (soit - 20% depuis 2012). Contrairement aux autres pays européens, qui affichent une certaine reprise, la France peine à redémarrer. Cette situation s’explique notamment par les 3 grands événements économiques successifs que la France a connus ces dernières années, à savoir : la crise de 2008/2009, celle de la zone euro en 2011/2012, ainsi que le choc fiscal et réglementaire, qui a suivi.
Cette année, comme en 2015, la part relative des acquéreurs industriels cotés (36%) et étrangers (39%) restent élevée. En revanche, on constate une baisse très marquée des acquéreurs français non cotés : - 13% en volume cette année, mais - 50% en cumul depuis 2013.
"Les dirigeants sont actuellement dans une phase de consolidation plutôt que d’investissement, du fait de contraintes externes (coût du travail, niveau de fiscalité, situation économique…) et d’une croissance limitée. À court terme, ceux-ci attendent la restauration de la compétitivité et des marges, tout en restant plutôt confiants à long terme". Grégoire Buisson, Président d’Epsilon Research et partenaire du CNCFA.
Mauvaise préparation des cédants
Selon Jean-Marc Raza, Président du CNCFA, ce qui freine aujourd’hui le marché de la transmission, c’est essentiellement le manque de sensibilisation des dirigeants. Conséquence, dans leurs décisions quotidiennes, ces derniers n’anticipent pas suffisamment le moment où ils devront passer la main. Lorsqu'il prend une décision, le dirigeant soucieux de la transmission de son entreprise, commerce par répondre à la question : "cette décision rend-elle mon entreprise plus attractive pour un acquéreur potentiel ou pas ? "
Ainsi, on trouve d’un côté des entreprises qui se portent de mieux en mieux et se développent, en mettant en oeuvre des stratégies de croissance externe, tandis que de l’autre, certaines se recroquevillent sur elles-mêmes du fait des chocs répétitifs de ces dernières années. Pourtant, si certains de ces événements ne peuvent être maîtrisés (comme la crise financière de 2008), d’autres, en revanche, dépendent des pouvoirs publics (fiscalité ou réglementation) et peuvent donc être atténués.
La fiscalité autour de la transmission en question
Le Baromètre de la Transmission de PME CNCFA Epsilon révèle que, pour 27% des répondants, la fiscalité est perçue comme une entrave structurelle, alors qu’avant 2012, elle n’était même pas citée. Pourtant, globalement, il existe aujourd’hui des dispositifs plutôt favorables à la transmission d’entreprise. Le frein serait donc plus psychologique qu’effectif. Reste cependant des éléments juridiques à trancher, comme le cas de la "holding animatrice".
La loi Hamon concentre les contentements
La loi Hamon sur l’économie sociale et solidaire, votée en 2014, donne obligation aux chefs d’entreprise d’informer leurs salariés d’un projet de cession au moins deux mois auparavant. L’objectif ? Leur permettre, s’ils le souhaitent, de se porter eux-mêmes acquéreurs. Destinée à favoriser la reprise des entreprises et la création de SCOP, cette loi est loin de faire l’unanimité auprès des professionnels de la fusion/cession/acquisition, qui jugent qu’elle complexifie inutilement la démarche de transmission.
Selon le Baromètre de la Transmission de PME, 90% des dirigeants interrogés appliquent cette réglementation, mais 78% estiment qu’elle ne fait qu’allonger le temps de cession, tandis qu’aucun ne reconnaît son intérêt dans le cadre d’une telle opération. L’impact final semble donc unanimement négatif. D’autant que cette loi s’applique de la même façon aux PME et aux TPE. Or, sur les entreprises de plus de 20 salariés, le nombre de reprise par les collaborateurs est négligeable.
Pour Arnaud Mendelsohn, Directeur associé du fonds d’investissement Initiative & Finance : "Cette loi entraîne principalement des retards sur le montage des opérations de transmission, mais pose aussi des problèmes de confidentialité. Même si le risque de nullité a été transformé en amende, de notre point de vue, cette loi n’a aucune utilité et vient mettre un grain de sable dans les rouages de la machine."
Le prix de cible trop élevé, principal frein conjoncturel
L’évaluation théorique sur la base des comptes de l’entreprise ne correspond pas à son prix fixé par la rencontre de l’offre et de la demande. Selon 37 % des professionnels du M&A interrogés, les dirigeants de PME surévaluent systématiquement leur bien. Que ce soit parce qu’eux-mêmes se sentent obligés de vendre (pression de l’entourage, par exemple) et posent alors des conditions de cession inacceptables ou parce qu’ils souhaitent engager une phase de négociation (demander 150 pour obtenir 100). Une PME qui affiche des perspectives positives en termes de résultats et qui est proposée au prix du marché trouve toujours un repreneur.
Le marché de la transmission des PME porte en lui de nombreux enjeux : préserver l’emploi et l’industrie sur le territoire, encourager les investissements d’avenir, valoriser le travail d’une vie, entre autres.
Selon le baromètre de la Transmission de PME CNCFA Epsilon, les dirigeants ont besoin d’être sensibilisés, préparés et accompagnés dans cette démarche par des experts, à même de les guider et de les aider, afin de faire les bons choix pour la pérennité de leur entreprise.
Enfin, il est important que les législations fiscale et réglementaire prennent en compte les particularités du marché des PME, qui sont extrêmement différentes de celles des TPE ou encore des grands groupes.
Le conseil en fusion/acquisition : un métier en quête de reconnaissance
Le secteur du conseil en fusion/acquisition souffre d’un manque de notoriété. Il s’agit d’un métier mal connu, car relativement récent. Malgré tout, lorsqu’ils arrivent à bien expliquer leur rôle, les conseillers en fusion/cession/acquisition constatent une vraie appétence pour l’intermédiation de la part des dirigeants de PME.