« L’ergonomie de notre plateforme de facturation électronique est adaptée aux petites structures »

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INTERVIEW - Laurent Beurienne, directeur général du Conseil national du réseau Cerfrance, nous éclaire sur les enjeux de la réforme de la facturation électronique vis-à-vis des cabinets comptables et leur relation avec leurs clients, TPE, artisans et indépendants. Il nous expose la stratégie que le réseau, qui se positionne comme un acteur incontournable de ce virage technologique, a mise en place pour accompagner ses 320 000 clients.

L’Expert : Pouvez-vous nous présenter le réseau Cerfrance et sa position sur le marché ?

Laurent Beurienne. Cerfrance, c'est un réseau de 750 agences réparties sur tout le territoire français, composé de 57 entités régionales ou départementales et d'un Conseil national qui fédère l'ensemble. Notre histoire remonte à 1950 avec la création des premiers centres de gestion et d'économie rurale, destinés à améliorer les performances économiques et conseiller les agriculteurs.

Aujourd'hui, nous sommes devenus la référence de l'accompagnement des entrepreneurs et des acteurs des territoires : TPE, artisans, indépendants, franchisés, associations, particuliers. Ainsi, plus de 14 000 collaborateurs mettent leurs expertises au service de nos 320 000 clients-adhérents avec pour mission d’améliorer leur performance globale qui inclut les aspects économiques, sociétaux et environnementaux.

Cette organisation en réseau permet aussi aux cabinets d'expertise-comptable de bénéficier des services d'une structure qui les protège, d'autant plus que la facturation électronique va bouleverser leur modèle économique.

Justement, quel est l'état de préparation des TPE face à cette réforme qui arrive en 2026 ?

L.B. : La situation est préoccupante. Aujourd'hui, il y a encore des petites entreprises qui envoient leurs factures en PDF par mail, et même par la poste ! Environ 10 % des entreprises ne sont pas du tout numérisées, particulièrement dans le secteur agricole. Ces entreprises s'appuient essentiellement sur leur expert-comptable pour leur gestion.

Pour toutes ces structures, il va y avoir un grand changement en septembre 2026 avec l'entrée en vigueur de la réforme. Elles devront choisir leur plateforme de dématérialisation partenaire (PDP) et s'y connecter. C'est là que l'expert-comptable va voir son rôle de partenaire de confiance conforté : il va aider les entreprises à choisir leur PDP.

Pourquoi Cerfrance a-t-il décidé de créer sa propre plateforme plutôt que de s'appuyer sur un éditeur de logiciel existant ?

L.B. : Nous avons pris cette décision pour des questions de garantie de sécurité et de protection des données. Il faut comprendre que l'expert-comptable détient des données extrêmement confidentielles sur les entreprises et leurs salariés qu'il est impératif de protéger.

De plus, notre PDP a été spécialement conçue pour garantir une ergonomie adaptée aux dirigeants de TPME, aux indépendants et aux artisans, soit des profils très éloignés des ressources des grandes structures. Nous avons voulu créer une solution pensée pour leurs besoins réels.

Tous les éditeurs promettent un accès gratuit à leur PDP. Qu'en est-il pour Cerfrance ?

L.B. : La gratuité n'existe pas ! Le modèle économique de l'expert-comptable et, par ricochet, celui de leurs clients vont changer avec la facturation électronique. L'expert-comptable va devoir offrir un accompagnement numérique global à ses clients.

Par exemple, il va falloir former les équipes jusqu'alors chargées de la collecte des factures, une mission qui va être vidée de sa substance avec l'e-invoice. Cette transformation a un coût, et il faut être transparent là-dessus.

Retrouvez la suite de l'interview dans le dernier numéro du magazine L'Expert ici 

Propos recueillis par Samorya Wilson