Le CEG, think tank dédié à l’avenir de la profession comptable, a publié son Baromètre 2025, réalisé en partenariat avec RCA, Absoluce, ACD, France Défi, Laplace et Malakoff Humanis. Ce rapport annuel, fondé sur une enquête terrain auprès de près de 400 professionnels, dresse un portrait nuancé d’une profession en pleine mutation, tiraillée entre ses fondamentaux et de nouveaux horizons.
Le baromètre met en lumière une fracture croissante entre :
- Le marché réglementé : missions traditionnelles (tenue, révision, paie, fiscalité).
- Le marché non réglementé : accompagnement, pilotage, data, IA, services à valeur ajoutée.
Cette dualité structurelle oblige les cabinets à repenser leur modèle économique, notamment les plus grandes structures, qui doivent investir pour rester compétitives sur le second marché, plus concurrentiel mais aussi porteur de croissance.
Des signaux d’amélioration
Par rapport à 2024, plusieurs indicateurs sont en hausse :
- Le moral des professionnels progresse.
- La santé financière des cabinets reste solide, bien que légèrement en recul pour les plus grandes structures.
- La production comptable est jugée plus fluide.
La crise du recrutement se détend : 42 % des cabinets ont des postes vacants (contre 54 % en 2024), et 70 % jugent le recrutement encore difficile (contre 80 % l’an dernier).
Des tensions persistantes
Le stress reste élevé :
- 92 % des répondants déclarent en ressentir, principalement lié aux délais et à la relation client.
- 71 % pensent au travail la nuit, impactant leur sommeil.
Les chefs de mission, managers et associés sont les plus exposés. Malgré cela, l’engagement des collaborateurs demeure fort, signe d’une profession résiliente.
Une réflexion sur le management
Lors de la Journée d’Échanges du CEG, la philosophe Julia de Funès a invité les cabinets à repenser leur management : inclusion raisonnée, bienveillance authentique, clarté des objectifs.
Son message : « L’IA ne le fera pas à notre place », souligne l’importance de préserver l’humain dans un environnement de plus en plus technologique.
Des clients en difficulté
Le baromètre révèle une dégradation du moral et de la trésorerie des clients :
- Moral : 5,33/10 (-0,26 points)
- Trésorerie : 5,03/10 (-0,13 points)
Les plus petits cabinets constatent une baisse de la sensibilité des clients à la RSE, reléguée au second plan face aux urgences économiques.
Trois grandes transformations à l’œuvre
Le baromètre identifie un triptyque économique structurant :
- Hausse des coûts (logiciels, documentation…)
- Dépendance accrue aux éditeurs (note : 8,26/10)
- Financiarisation croissante : les fonds attendent plus de rentabilité et de force commerciale.
Facture électronique : une transition lente
Alors que l’échéance approche, 70 % des cabinets ont sensibilisé leurs clients (+7 points), mais 85 % des clients ne posent encore aucune question sur le sujet.
La pression des comptatechs et néobanques s’intensifie, mais selon le président du CEG, elles ne remplaceront pas les experts-comptables sur le marché réglementé. Leur intérêt se porte sur le second marché, estimé à 10 milliards d’euros.