L’IA : remède ou nouveau risque pour l’environnement ?

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Une enquête menée par l’association Entreprises pour l’Environnement (EpE) et l’Institut du Numérique Responsable (INR), publiée le 4 novembre 2025,  met en lumière les effets croissants de l’IA sur l’eau, le climat et les ressources naturelles. L’étude intitulée « Le pilotage environnemental des projets IT à l'heure de l'IA », révèle aussi comment les grandes entreprises tentent de piloter les impacts écologiques de leurs projets numériques et d’IA.

L'essor effréné du numérique et de l'IA générative soulève de nombreuses questions quant à leurs conséquences écologiques. L'IA, par ses consommations (énergie, eau) et les usages qu'elle favorise, génère des impacts croissants, directs et indirects, sur les ressources naturelles. Les entreprises sont désormais confrontées à une double réalité : la nécessité de mesurer et de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre, tout en s’adaptant à l’essor des usages numériques et à l’émergence de l’IA générative.

Ainsi, les deux tiers des entreprises interrogées  dans l’enquête menée par l'association française des Entreprises pour l'Environnement (EpE), en collaboration avec l'Institut du Numérique Responsable (INR), évaluent déjà les émissions liées à leurs projets IT, et la moitié intègrent ou s’apprêtent à intégrer des critères environnementaux dans leurs appels d’offres liés à l’IA.​ L’étude relève également un intérêt croissant pour l’« IA frugale », qui vise à réduire la taille et la consommation des modèles.

Des pratiques de pilotage en construction

Malgré des outils de mesure encore imparfaits, l'enquête précise que plusieurs grandes entreprises françaises multiplient les initiatives pour l'utilisation d'une IA plus responsable.

Ainsi, les auteurs citent plusieurs exemples d’application : EDF se sert de  l’IA pour simuler la consommation électrique des ménages, Veolia a conçu un assistant interne , « Secure GPT», optimisé pour limiter sa consommation énergétique.

Quant à Renault Group, elle intègre l’écoconception numérique dans ses appels d’offres. Du côté des banques, la Société Générale mesure la maturité « Green IT » de ses projets via un simulateur CO₂. Des initiatives qui visent à passer d’une innovation «subie à une innovation maîtrisée», mais elles restent fragmentées et hétérogènes.

Appel à une gouvernance renforcée et à la sobriété

L’étude insiste sur la nécessité de renforcer la gouvernance et de structurer les données, les outils et les standards pour mieux mesurer les impacts. Pour les auteurs, le pilotage de ces technologies reste encore en construction, freiné par le manque d'outils et de données.

Face à cela, les entreprises appellent à orienter les investissements vers des usages réellement positifs et durables, afin d’éviter un « technosolutionnisme » naïf.

Selon David Laurent, directeur de la transformation écologique chez EpE, l'IA n'aura de sens que si elle devient « un levier au service de notre transition écologique, pas une nouvelle source d'impact ».

En définitive, la sobriété numérique apparaît comme un levier incontournable, mais reste encore difficile à traduire dans les pratiques quotidiennes des entreprises.

L’étude complète est consultable ici : https://www.epe-asso.org/publication-numerique-2025

Samorya Wilson