8 800 congressistes, 310 partenaires et une ambiance électrisante : le 80e Congrès de l’Ordre des experts-comptables a marqué un tournant en réunissant la profession à Eurexpo Lyon du 17 au 19 septembre 2025, sur fond de réforme digitale et de grandes questions d’avenir, le tout dans une atmosphère aussi studieuse que festive.
Du 17 au 19 septembre 2025, Eurexpo Lyon a vibré au rythme du 80e Congrès de l’Ordre des experts-comptables (CNOEC), un événement marquant à plus d’un titre. Avec 8 800 inscrits – un record absolu – et 310 exposants, cette édition a confirmé l’attractivité d’une profession en pleine transformation, confrontée à des défis majeurs : la facture électronique, l’identité numérique, l’intelligence artificielle et la durabilité.
« Fabriquer un congrès de cette hauteur, ce n’est pas quelque chose qu’on fait du jour au lendemain, c’est un travail d’équipe », a souligné Damien Charrier, président du CNOEC. De son côté Damien Cartel, président de l’OEC Auvergne-Rhône-Alpes a rappelé l’ampleur de l’organisation et l’engagement des équipes régionales et nationales. « C’est le congrès de tous les records. Et plus encore », a-t-il déclaré.

Un programme riche et tourné vers l’avenir
Les rapporteures Murielle Adagbe Perrin, Odile Dubreuil, Valérie Creusot-Rivière et Jessica Hamon ont concocté un programme éclectique, reflétant les enjeux d’une profession en mouvement entre grandes conférences, ateliers pratiques et espaces innovants. Par exemple :
- • Facturation électronique : retours d’expérience et vision d’avenir, avec des experts comme Stéphane Eustache et Sébastien Rabineau.
- • Modèles de cabinet : comment concilier durabilité et mutation dans un environnement en pleine évolution ?
- • Intelligence artificielle : un espace dédié, « IA by CNOEC », a permis aux congressistes de découvrir des cas concrets d’application dans les cabinets comptables.
« On veut que nos confrères repartent avec des solutions qu’ils pourront mettre en place dès lundi dans leur cabinet », a expliqué Murielle Adagbe Perrin, rapporteure générale.

Plénière d’ouverture : un temps fort avec un focus sur l’e-facture et l’identité numérique
Parmi les temps forts, la plénière inaugurale a été marquée par l’intervention d’Amélie Verdier, directrice générale des Finances publiques (DGFiP). Celle-ci a rassuré la profession : « Le calendrier de la facture électronique ne va pas changer. Il est désormais stabilisé ». Une annonce accueillie avec soulagement par les experts-comptables, à un an de l’entrée en vigueur de la réforme.
Dominique Perrier, en charge des grands projets de dérogations, a insisté sur l’urgence de la préparation : « 85 à 86 % de la profession est engagée dans le processus, mais 14 % n’ont pas encore commencé. » Un retard qui pourrait coûter cher, alors que 3 millions d’entreprises devront être opérationnelles d’ici 2026. « Si on n’a pas choisi sa Plateforme Agréée (PA - auparavant PDP), on ne pourra plus recevoir sa facture d’électricité… et ils coupent, en général », a-t-il lancé, non sans humour.
Autre sujet brûlant : l’identité numérique, avec le déploiement d’Expert ID, une carte d’identité électronique pour les professionnels qui s’impose progressivement et entame une nouvelle étape vers une certification renforcée, essentielle pour la sécurité et la reconnaissance de la profession. « Plus de 600 téléchargements depuis ce matin ! », s’est réjoui Dominique Perrier, soulignant l’enjeu de sécurité et de reconnaissance pour la profession.
En effet, cet outil, pensé comme un garde-fou contre les usurpations d’identité, doit garantir aux partenaires économiques (banques, entreprises, institutions) la fiabilité des échanges avec un professionnel certifié.

Intelligence artificielle et nouveaux modèles de cabinets
La transformation numérique ne se limite pas à la facturation. Les congressistes ont aussi exploré les perspectives offertes par l’intelligence artificielle. Un espace dédié : « IA by CNOEC », a permis de tester des applications concrètes dans les cabinets : automatisation des tâches répétitives, analyse prédictive ou encore outils d’aide à la décision. « L'idée, c'est vraiment de montrer aux confrères qu'il y a une accessibilité et qu'il faut vraiment y aller », a insisté Odile Dubreuil, l'une des rapporteures, « on va vraiment voir une différence entre ceux qui vont adopter l'IA et ceux qui vont laisser un petit peu comme on a pu voir avec l'informatique ».
En outre, la grande conférence sur le thème « La profession face à l’IA : menace ou opportunité ? » a réuni des personnalités comme Luc Ferry, philosophe et ancien ministre, économistes et praticiens pour penser le rôle futur de l’expert-comptable dans un monde de plus en plus automatisé.
Parallèlement, des tables rondes ont interrogé les modèles économiques des cabinets, leur adaptation aux attentes des clients et leur capacité à attirer de nouveaux talents. « L’expert-comptable doit être au cœur de la relation avec les dirigeants. Il faut faire émerger le réflexe expert-comptable », a souligné Florent Burtin, présentant la campagne multicanale (presse, radio, réseaux sociaux, influenceurs), dont il a la charge et destiné à toucher les TPE, PME et professions libérales.
Trois jours intenses entre sérieux et bonne humeur
Si le congrès a été studieux, il a aussi été marqué par une ambiance résolument festive. Dès la plénière d’ouverture, un groupe de rock a donné le ton. Les congressistes ont ensuite alterné entre sessions de travail, moments de networking et soirées animées, jusqu’à la grande fête de clôture avec un célèbre DJ aux platines. « Ça n'a pas été si simple que ça dans les coulisses », confie discrètement un organisateur.
Sans compter le point d’orgue symbolique : le soufflage des 80 bougies de l’Ordre, moment d’unité et de transmission entre générations.

Un rendez-vous réussi pour une profession en mouvement
Ce 80e congrès aura donc marqué les esprits, tant par son ampleur que par la diversité de ses sujets. Entre transformation digitale, défis économiques et célébration de l'histoire, les congressistes repartent de Lyon avec de nouveaux outils et peut-être une vision plus claire de leurs enjeux professionnels.
« Notre profession est exemplaire. On est au-dessus des autres, garants de l’indépendance et du régalien », a rappelé Damien Charrier, avant d’ajouter : « Quoi de mieux que cette région Auvergne-Rhône-Alpes, très juridique et très régalienne, pour en parler ? »
Les actes du congrès, véritable « bible » selon les organisateurs, seront bientôt disponibles pour permettre à l'ensemble de la profession de s'approprier les enseignements de ces trois journées lyonnaises. En définitive, citons Damien Charrier qui a déclaré « On est fiers de notre ADN (Adapation, Durable et Numérique), qui nous ressemble ».
Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition qui se déroulera du 16 au 18 septembre 2026 à Paris Porte de Versailles.!
Samorya Wilson