Selon les dernières prévisions du cabinet d’audit et de conseil BDO, publiées ce mardi 1er juillet, l’inflation en France devrait tomber à 1,2 % en 2025 contre 2,2 % dans la zone euro. Le cabinet alerte sur une reprise encore fragile et souligne les risques persistants liés au climat politique et à la situation budgétaire dégradée.
Une inflation sous contrôle, mais une croissance toujours bloquée : c’est le tableau contrasté de la conjoncture que dresse le cabinet BDO dans ses perspectives 2025-2026. Selon l’étude, cette désinflation s’explique par la baisse prolongée des prix de l’énergie et de l’alimentation, ainsi que par l’efficacité des politiques monétaires en place.
Cependant, la modération des prix ne suffit pas à relancer la consommation. Le cabinet estime que la croissance nationale devrait plafonner à 0,5 % cette année. « Les ménages disposent d'un niveau d'épargne élevé et ont retrouvé du pouvoir d'achat, mais la confiance n'est pas au rendez-vous », explique Anne-Sophie Alsif, cheffe économiste de BDO. Pour elle, l'instabilité politique, les tensions internationales et les incertitudes budgétaires alimentent un climat d'attentisme qui freine particulièrement les achats de biens durables.
L’investissement des entreprises sous pression
L’un des points noirs du scénario BDO réside dans la faiblesse de l’investissement privé, qui affiche une contribution négative à la croissance en 2025. « En 2025, la contribution de l’investissement des entreprises à la croissance reste négative, ce qui est inhabituel dans un contexte de taux modérés. Cela s’explique avant tout par le climat d’incertitude politique, post-dissolution, qui pèse fortement sur la visibilité des acteurs économiques », précise Anne-Sophie Alsif. Pour espérer une reprise de l’investissement dès 2026, BDO mise sur un retour de la stabilité politique et réglementaire, ainsi que sur des signaux clairs en matière fiscale.
Déficit public : la nécessité d’un cap crédible
La situation des finances publiques demeure préoccupante, avec un déficit budgétaire attendu à 5,4% du PIB et une dette publique à 116,7% du PIB en 2025. «Il est clair qu’une trajectoire de désendettement crédible est indispensable. Mais elle ne peut être brutale », avertit Anne-Sophie Alsif. Selon elle, un plan d’ajustement s’étalant sur dix ans, combinant rationalisation des dépenses, élargissement de l’assiette fiscale et relance de la croissance, serait nécessaire pour restaurer la confiance des marchés et des entreprises.
Un léger rebond attendu en 2026
Pour 2026, BDO anticipe une légère reprise de l’économie française, avec une croissance qui devrait atteindre 0,9%, portée principalement par un redémarrage progressif de l’investissement privé. Ce rebond reste toutefois fragile et dépendra fortement du retour de la confiance des acteurs économiques et d’une stabilisation du contexte politique. Anne-Sophie Alsif précise :« La dynamique européenne, avec un rebond attendu de l’investissement en 2026, pourrait aussi jouer un rôle d’entraînement si les conditions s’améliorent en France ».
Malgré cette embellie relative, la situation des finances publiques demeure préoccupante, avec un déficit budgétaire qui resterait élevé et une dette publique sans trajectoire de désendettement clairement définie. Pour la cheffe économiste de BDO, la clé d’une reprise durable réside dans la capacité à « rétablir un cap politique clair, garantir la stabilité réglementaire et envoyer des signaux cohérents sur la trajectoire fiscale ».
Samorya Wilson